Après ses revers diplomatiques et commerciaux dans son conflit avec le Front Polisario, le Maroc cherche à impliquer l'Algérie dans la question du Sahara occidental, afin de contourner la légalité internationale et les résolutions de l'ONU qui ont tranché en faveur de l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Et cette fois-ci, c'est le roi Mohamed VI en personne qui sollicite l'implication d'Alger dans la résolution du conflit. «Le Maroc demande et a toujours demandé que l'Algérie puisse participer au processus politique, que l'Algérie puisse assumer une responsabilité pleine dans la recherche de la solution et que l'Algérie puisse jouer un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse et l'évolution de ce différend régional», a écrit le souverain marocain dans un message au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Gueterres, remis par son ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita. «L'Algérie a une responsabilité flagrante. C'est l'Algérie qui finance, c'est l'Algérie qui abrite, c'est l'Algérie qui arme, c'est l'Algérie qui soutient et qui apporte son soutien diplomatique au Polisario», a-t-il soutenu, dans une tentative de faire fléchir la position algérienne qui plaide pour la résolution du conflit dans le cadre des résolutions onusiennes. Embourbé dans le conflit sahraoui, le Roi du Maroc semble vouloir faire diversion en provoquant une escalade avec son voisin de l'Est. Mais sans aucune surprise, l'Algérie a refusé catégoriquement toute ingérence dans la question, en rappelant que dans ce conflit, il y a deux parties : le Maroc et le Front Polisario. En effet, jeudi, au lendemain de la lettre de Mohamed VI, Alger a exprimé sa «satisfaction» suite au rapport de l'ONU sur le Sahara occidental. Le niet d'Alger «L'Algérie prend acte avec satisfaction de la volonté du Secrétaire général des Nations unies réitérée dans son rapport au Conseil de sécurité (...) de relancer le processus de négociation et de faciliter des négociations directes, de bonne foi et sans conditions préalables, entre les parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Avec une telle précision, Alger s'exclut de tout processus de règlement de la crise. D'autant plus qu'elle estime que ces négociations auxquelles appelle l'ONU visent à «parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Plus offensive encore, l'Algérie a pris également «acte avec préoccupation des graves violations des Droits de l'Homme y compris le recours à la torture perpétrées contre des Sahraouis dans le Sahara Occidental occupé, ainsi que de la persistance des restrictions imposées aux visiteurs étrangers y compris les journalistes et les défenseurs des Droits de l'Homme dans l'accès au territoire du Sahara occidental, dont a fait état le Secrétaire général des Nations unies dans le même rapport». Dans son communiqué, le porte-parole du ministère des AE a affirmé le soutien de l'Algérie au SG de l'ONU sur «la surveillance de la situation des groits de l'Homme de manière indépendante, impartiale, complète et durable» au Sahara occidental, et qui est «une nécessité afin d'assurer la protection des Sahraouis». Aussi a-t-il exprimé la préoccupation du pays concernant le refus du Maroc, également mentionné dans le rapport du Secrétaire général, de permettre à la Mission de l'Union Africaine de retourner à Laayoune et de reprendre sa collaboration avec la Minurso. Un refus qui intervient alors même que l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine avait, lors de sa 30e session ordinaire tenue les 28 et 29 janvier 2018 à Addis Abeba, appelé instamment le Maroc à permettre à ladite Mission de retourner à Laayoune. L'Algérie, a ajouté le porte-parole, «regrette également la persistance des restrictions et autres contraintes imposées par le Maroc à la Minurso qui, comme le rapporte le Secrétaire général des Nations unies, affectent la perception d'impartialité de la Minurso et sont contraires à l'Accord de principe conclu avec le gouvernement du Maroc en 2015». L'Algérie affirme qu'elle continuera à soutenir et à accompagner de bonne foi les efforts du SG de l'ONU et son Envoyé personnel Horst Köhler, «visant à parvenir à une solution juste et durable du conflit du Sahara occidental fondée sur l'exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit inaliénable à l'autodétermination, conformément à la doctrine et à la pratique des Nations unies en matière de décolonisation et à la légalité internationale».