Des logements mal finis, des ascenseurs à l'arrêt, des coupures d'eau et d'électricité, des affaissements de terrain... Ce sont là des problèmes qui ne trouvent pas encore de solution et ce, malgré la contribution des habitants dans le paiement des charges. Depuis leurs attributions, les cités de la formule location vente (AADL), au niveau des différents sites de la wilaya d'Alger, se trouvent dans un état déplorable. Dans les deux nouvelles villes de Sidi Abdellah et de Bouinan, les bénéficiaires ne savent plus vers quel saint se vouer. Lors des dernières intempéries enregistrées le début de la semaine, des catastrophes ont survenues, au niveau de ces deux localités. Affaissements des routes, inondations, glissement de terrain, fissurent des murailles, causant de multiples accidents, ont été signalés dans les cités. Octroyés récemment dans le cadre du programme de relogement AADL, ces appartements construits pour la plupart, par des sociétés étrangères, ne répondent pas aux normes universelles de construction. Hélas, de nombreux «défauts» de réalisation échappent aux services de contrôle et deviennent de véritables cauchemars pour leurs bénéficiaires. Les bénéficiaires de ces logements tant attendus n'ont pas caché leur désappointement par rapport à cette situation. Des habitants de la cité de Sidi Abdellah nous ont fait part leur détresse. Pour Mohamed, un bénéficiaire de 40 ans, les défaillances urbanistiques surgissent, à chaque intempérie. «Sur les routes, c'est impossible de rouler sans avoir peur d'un accident à cause des trous et autres nids de poule causés par la pluie», dira-t-il, avant d'indiquer que «depuis la livraison de ces logements, les agents de contrôle qui devraient être dépêchés par l'AADL ont brillé par leur absences». Déplorant l'état lamentable dans lequel se trouvent ces nouveaux bâtiments, Mohamed nous a assurés qu'aucun entretien n'a été entrepris, depuis son installation dans la cité, il y a deux ans. Nous avons constaté la même chose lors de notre visite à cette nouvelle cité. Il nous a été impossible d'accéder à certaines zones de ce grand site, à cause des routes inachevées et des affaissements de terrain. Ainsi, pour les gens qui y vivent ce phénomène est devenu un véritable problème. Des constructions récemment réceptionnées présentent une menace pour les habitants. Cages d'escalier en mauvais état, murs fissurés, terrasses mal faites, sont autant de défauts relevés çà et là dans des cités ayant englouti des milliards de dinars. Selon le président du collège national des experts architectes (CNEA), Abdelhamid Boudaoud, le problème dans ces cités reste «l'absence des maîtres d'ouvrages qualifiés, d'une part, et la négligence des pouvoirs publics, d'autre part». «Comment peuvent-ils bâtir des cités pareilles sans aucune étude de terrain. Un projet d'une telle importance doit être soumis à des études très approfondis, avant sa mise en exécution», a-t-il signalé. Les présidents des APC interpellés A ce sujet, Abdelhamid Boudaoud, a souligné qu'aujourd'hui la seule chose qui importe les pouvoirs publics et d'achever les travaux de construction de ces logements, sans pour autant se soucier de leur qualité. «Où sont les pouvoirs publics ?» s'est-il interrogé. "Les présidents des Assemblées populaires communales ne font pas convenablement leur travail. Ils cherchent qu'à remplir leurs poches, la vie des gens leur importe peu», a-t-il déploré. Pour les deux villes de Sidi Abdellah et Bouinan qui sont caractérisées par des failles sismiques très actives, elles demeurent très vulnérables. A cet effet, elles doivent faire l'objet d'une attention particulière de la part des pouvoirs publics avant qu'il ne soit trop tard, a averti notre interlocuteur. L'absence des pouvoirs publics laissent les habitants de ces cités dans la confusion totale. Pour remédier aux différents problèmes, Boudaoud estime obligatoire de faire un «break» momentané et faire le point sur l'état des lieux des travaux dans les différentes communes. «Il est temps que la loi sévit contre les gens qui ne font pas convenablement leur travail. Il faut aussi ouvrir les centres de formation pour les maîtres d'œuvres pour qu'ils puissent bénéficier d'une formation appropriée», a-t-il préconisé. S'agissant de la nouvelle ville de Constantine, Ali Mendjeli, notre interlocuteur a indiqué que ce site regroupe toutes les caractéristiques d'un bidonville structuré du niveau de délinquance existant d'une part, où de la vulnérabilité de ses structures. «Des quartiers souvent inondés avec des pertes considérables en biens matériels et en vies humaines, glissements de terrains, réseaux d'évacuation souvent obstrués..., se sont des catastrophes qui ressurgissent à chaque occasion», a-t-il conclu. Absence des agents de gestion des quartiers En poursuivant notre tournée, nous nous somme arrêtés devant un bâtiment de neuf étages, à Sidi Abdellah. A l'intérieur, les ascenseurs sont à l'arrêt, comme dans la plupart des immeubles de cette cité. Rencontrée sur place, une habitante de l'immeuble, Souhila, nous a révélé que depuis la réception de leur logement en 2016, «les ascenseurs n'ont jamais fonctionné, au grand malheur des bénéficiaires des logements situés à partir du 4ème étage». Car ce n'est vraiment pas pratique de prendre les escaliers chaque jour. «Nous appelons les pouvoirs publics à intervenir dans les plus brefs délais. Cette situation ne peut plus durer», a renchéri une autre dame résidant au 5ème étage. «Je n'ai plus l'âge de prendre les escaliers», a-t-elle ajouté. Pour elles, il devient obligatoire de mettre ces ascenseurs en marche, au vu des montants colossaux qui ont été alloués pour l'entretien de ces cités. Selon les habitants, les agents de l'AADL ne sortent pas de leurs bureaux. Ils sont tout juste bon à réceptionner les avis de paiement, chaque mois. Pour chaque citoyen la location d'un appartement de type F3 est de 9500 DA, en plus des 3 000 DA frais des charges. Un montant qui, notons-le, est très important pour un entretien inexistant. Dans les appartements les coupures d'eau et d'électricité sont de plus en plus fréquentes. A ce sujet, un grand nombre d'experts en urbanisme se sont donné le mot pour dire que la distribution des logements ne doit pas être faite avant l'introduction de toutes les commodités nécessaires, pour y vivre. Pour ce qui est de la finition catastrophique à l'intérieur des appartements, les bénéficiaires ont été obligés de débourser des sommes colossales pour la rénovation de leurs biens. Dans ce genre de situation, indiquent les experts, ces citoyens pouvaient simplement refuser d'y habiter. Selon eux, chaque personne ne doit pas regagner son logement avant que ce dernier ne soit bien fini. Ainsi, cette situation est, en partie, de leur faute, ont-ils expliqué, puisque le bénéficiaire à le droit de ne pas accepter les clés de son logement, en cas de défaillance. Inspection surprise à la cité «AADL1» d'El Achour Pour constater de visu cet état lamentable des nouvelles cités, le ministre de l'Habitat de l'Urbanisme et de la ville, Abdelwahid Temmar, a entamé hier, une visite d'inspection surprise au niveau de la cité AADL de Sebala à El Achour. Lors de sa tournée, il a constaté l'état déplorable et les problèmes dont souffrent les locataires. A l'instar des ascenseurs en panne, des problèmes d'éclairage et de l'état de la tuyauterie, le ministre n'a pas caché son mécontentement, ordonnant aux autorités concernées de régler cette situation avant le mois de Ramadan. Le ministre de l'Habitat a ensuite fait savoir que cette visite intervient après avoir été interpelé sur l'état des lieux de cette cité par une habitante, sur sa page officielle Facebook. M.Temmar a expliqué qu'un grand travail doit être effectué pour améliorer le service de gestion de ces quartiers, vu leur importance, car selon lui, il est impossible d'habiter dans un immeuble de neuf étages sans avoir un ascenseur en marche. Révélant que les travaux de maintenance vont être entrepris, dans les prochains jours, dans la wilaya d'Alger, il a fait savoir, que 477 ascenseurs sont à l'arrêt à travers toutes les nouvelles cités du pays, dont 250 enregistrés au niveau de la wilaya d'Alger.