Les retraités se sont alarmés suite aux informations faisant état des difficultés rencontrées par la Caisse nationale de retraite (CNR) pour assurer le versement des pensions de retraite. La CNR est dépendante des recettes pétrolières – l'Etat y a injecté «500 milliards DA» en 2018, selon le DG de la CNR, Slimane Melouka – au moment où le marché mondial du pétrole connaît des turbulences. Les pensions de retraite versées actuellement à une bonne partie des 3.2 millions de retraités ne leur garantissent pas une vie décente. A.W., retraitée depuis 2010, occupait le poste de technicien supérieur en océanographie. Cette dernière perçoit une retraite d'environ 18 000 DA et affirme que «sans l'aide de mes sœurs et cousines, qui me fournissent des vêtements entre autres, et avec les charges, le loyer et les dépenses courantes, on tire la langue. Malgré la pension de 25 000 DA de mon époux, il nous est très difficile de boucler le mois. On ne peut pas survivre avec nos deux pensions. Comment ferons-nous s'ils (la CNR, ndlr) ne nous versent plus nos pensions ?», s'interroge-t-elle. H. B., retraitée depuis 2000, anciennement ingénieur agronome, touche une pension de 30 000 DA. «En lisant les informations sur les difficultés que rencontre le Caisse nationale de retraite, je me suis vraiment inquiétée. Ils ne vont plus nous verser nos pensions ? Ce que je touche ne me permet pas de vivre décemment. J'ai de la chance par rapport à d'autres. Heureusement, j'ai un studio que je loue à une famille, et c'est cet appoint qui me permet de payer une bonne partie des frais médicaux que la CNAS ne me rembourse pas», nous a-t-elle confié. Slimane Melouka, DG de la CNR, avait déclaré, avant-hier, que «le système de retraite à atteint ses limites et les cotisations des travailleurs ne suffisent plus à payer les pensions de retraite. Il faudrait 5 cotisants pour un retraité. Aujourd'hui, on est dans une situation où seulement 2 travailleurs cotisent pour un retraité, ça reste nettement insuffisant», a-t-il expliqué. Les difficultés de la Caisse nationale de retraite «ne datent pas d'aujourd'hui. La caisse de retraite a toujours survécu grâce aux recettes des exportations des hydrocarbures», nous dira l'économiste M. Mebtoul, ajoutant que «l'erreur qui a été faite, ce sont les départs à la retraite anticipée». Effectivement, le DG de la CNR avait expliqué la situation difficile de la caisse par le million de travailleurs partis en retraite anticipée, soit avant 60 ans, entre 2014 et 2015. «Je suis réaliste, il ne faut pas s'alarmer. Il y a des tensions qui datent depuis une dizaine d'années, elles sont liées à la relance économique», selon M. Mebtoul. Pour notre interlocuteur, «ces déclarations (du DG de la CNR) créent un climat de psychose qui n'est pas bon. Il ne faut pas faire peur aux investisseurs». Hors, le mois de mai dernier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, avait annoncé que «la revalorisation des pensions de retraite pour l'année 2018 est maintenue et sera modulable avec des taux allant de 0,5 à 5% en fonction du montant de la pension». mais comment va-t-il s'y prendre ?