La direction d'Air Algérie se retrouve entre le marteau et l'enclume : la grogne de ses travailleurs et celle de ses passagers. Une réunion entre les représentants syndicaux et la direction générale d'Air Algérie est prévue pour aujourd'hui pour tenter d'établir un dialogue et trouver un terrain d'entente suite au dépôt d'un préavis de grève par le SNTMA prévue pour le 31 juillet. En effet, pour la compagnie d'Air Algérie, c'est la haute saison durant laquelle elle doit assurer plusieurs dessertes avec de nombreuses rotations, en plus de la période spéciale du hadj. D'où l'urgence pour la compagnie nationale aérienne de trouver un consensus avec les membres du Syndicat national des techniciens de maintenance (SNTMA). Même si ce débrayage à partir du 31 juillet a été qualifié d'illégal par l'Inspection régionale du travail de la wilaya d'Alger, comme le mentionne le document publié hier par le site sabqpress.net, il n'en demeure pas moins que le SNTMA a précisé dans sa réponse en date du 11 juillet que «vous êtes bien informé que le SNTMA a effectué toutes les démarches réglementaires dictées par la loi du travail pour le dépôt d'un préavis de grève. Cependant, lorsqu'un différend est confirmé entre employeur et employé, il est de la responsabilité de l'Inspection du travail d'intervenir de par la loi afin d'organiser des séances de conciliation, chose que le SNTMA n'a pas cessé de réclamer». Cependant, le SNTMA ne ferme pas les portes du dialogue et gèle temporairement le préavis de grève. Ahmed Boutoumi, président du SNTMA, précise dans ce courrier que «le SNTMA, étant toujours ouvert au dialogue, vous propose de geler temporairement le préavis de grève, à la seule condition que l'Inspection du travail s'engage à organiser des séances de conciliation entre le SNTMA et la direction générale d'Air Algérie dans les délais dictés par la loi, à savoir 4 jours». Le Syndicat national des techniciens de maintenance a été destinataire d'un courrier de l'Inspection régionale du travail de la wilaya d'Alger datant du 9 juillet, dont une copie adressée au PDG d'Air Algérie, dans lequel elle souligne qu'«après examen du dossier, il est relevé le non-respect des procédures permettant d'aboutir à la décision d'engager une grève. Compte tenu de ce qui précède, il vous est demandé d'annuler le mouvement de grève envisagé et de veiller au respect des procédures législatives et réglementaires prévues par les textes en vigueur». De fait, la réunion d'aujourd'hui est d'autant plus décisive que les finances de la compagnie Air Algérie ne sont pas au beau fixe, puisque le 28 mars dernier, le Conseil des Participations de l'Etat (CPE) avait donné son accord de principe à Air Algérie sur le rééchelonnement de ses dettes, selon Zouhir Houaoui, le directeur commercial d'Air Algérie. Le rééchelonnement des dettes «permettrait de réaliser l'équilibre financier de la compagnie et d'entamer la mise en œuvre de son programme de développement à moyen terme», avait déclaré à l'APS le directeur commercial d'Air Algérie. Il s'agissait, selon M. Houaoui, pour la compagnie aérienne de contracter éventuellement «un crédit auprès des institutions financières pour le financement du nouveau plan de la compagnie». Dans ce sens, le CPE avait approuvé «le paiement de l'indemnité du service public pour couvrir les pertes enregistrées dans le réseau des dessertes intérieures et l'exemption des taxes douanières appliquées aux équipements utilisés notamment dans la maintenance des avions et autres équipements». Aussi, sachant que la compagnie aérienne nationale, en l'occurrence Air Algérie, ne peut payer cash les avions qu'elle achèterait pour le renouvellement de sa flotte, M. Houaoui avait fait savoir que cet emprunt entre dans la stratégie de la compagnie à moyen terme qui repose «sur le renouvellement de la flotte, le renforcement des capacités de la base de maintenance, l'entrée en service du centre principal de la nouvelle aérogare d'Alger, la numérisation des opérations administratives et des modes opérationnels et la formation des travailleurs», tout en insistant sur la nécessité «de réduire les coûts d'exploitation, d'intensifier la coopération avec les instances et entreprises partenaires, d'améliorer la communication avec les clients et de renégocier les conventions aériennes internationales». D'ailleurs, selon le ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaalane, dans une déclaration faite avant-hier à Echouroukonline, la compagnie nationale Air Algérie va bénéficier d'un prêt de deux milliards de dollars, contracté auprès du Fonds national d'investissement (FNI), dont 60% seront réservés au renouvellement de sa flotte et le reste sera utilisé dans des projets de développement et de modernisation. Il faut rappeler qu'Air Algérie, qui s'est fixé comme date-butoir 2021, anticipe le renouvellement de sa flotte qui concerne sept B737-800 qui auront 20/21 ans, cinq B737-600 qui auront 19 ans d'âge, huit ATR qui auront 13/14/15 ans.