Parmi les trois corps d'Algériens issus de la commune de Rais Hamidou, ayant été repêchés par les gardes-côtes italiens, l'un d'entre eux vient d'être identifié, selon un proche. Cette commune est secouée depuis quelques jours par la tragique disparition en mer de plusieurs de ses enfants. Agés entre 17 et 30 ans, ils sont 10 Algériens, issus pour la plupart de la commune de Rais Hamidou, (Pointe Pescade) à Alger à être portés disparus depuis jeudi dernier, alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Italie depuis la wilaya d'Annaba. C'est sur une embarcation de fortune qu'ils ont tenté de rejoindre les côtes italiennes, avant d'être surpris par le mauvais temps. Trahis par le moteur de leur barque qui n'a pas résisté jusqu'à l'arrivée à la terre ferme, dix d'entre eux ont choisi de rejoindre à la nage une île qui leur semblait proche. Seuls trois d'entre eux, restés dans le ‘'boti'' ont été sauvés par les garde-côtes italiens le 15 novembre dernier, près de l'île de Sant'Antioco, au sud de la Sardaigne. Parmi les dix autres qui ont quitté l'embarcation, trois sont décédés et leurs corps ont été repêchés, alors que les sept autres sont toujours recherchés. Le corps de Ghilès Kebir, âgé d'à peine 20 ans, vient d'être identifié, selon son frère aîné qui en a fait l'annonce sur sa page facebook. Un drame qui a mis en émoi tous les habitants de cette commune qui sont toujours dans l'attente d'informations sur le sort des sept autres portés disparus. Les parents et voisins de ces jeunes ‘'harraga'' déplorent ‘'l'inaction'' des autorités algériennes. Décidés à connaître le sort de leurs proches, des parents de disparus ont fait le voyage lundi en Italie, alors que mardi, l'un des trois rescapés, Ayoub, l'adolescent âgé de 17 ans, actuellement détenu dans un centre de rétention de migrants à Cagliari, a pu être joint par l'un de ses amis par téléphone. La communication a été postée sur les réseaux sociaux. «Je vais bien. Nous trois sommes au centre Cagliari», a-t-il affirmé, lors de la communication téléphonique, avant d'ajouter qu'il n'a aucune nouvelle des dix autres : «Au centre, ils ont réquisitionné nos téléphones pour faire leur enquête». A propos des dix autres qui ont sauté dans la mer, Ayoub affirme qu'il n'a pas de nouvelles. «On ne sait rien. Ils sont partis à la nage après que le moteur est tombé en panne. Je ne pourrai dire s'ils sont en vie ou non», a regretté le rescapé. «Nous sommes pour la plupart les fils du même quartier et nous sommes comme des frères», a-t-il affirmé, avant de confirmer que «l'un des rescapés est de La Vigie (quartier de Rais Hamidou) et l'autre d'Annaba». Interrogé sur les raisons qui ont poussé les autres à choisir de sauter à la mer, il fera état de la panne du moteur, ainsi que des 30 heures de voyage. Il parlera notamment de conditions climatiques défavorables et de la mer agitée. «Epuisés par la faim, le froid et la peur, les dix autres, dont certains ne savaient même pas nager, ont sauté pour rejoindre une île qui semblaient proche. Dix minutes après, on ne les a plus revus», a-t-il raconté. Avant-hier, les habitants de la commune de Rais Hamidou ont entamé une action de solidarité avec les parents des harraga disparus et protesté contre la ‘'passivité'' des autorités face à ce drame. Face à la colère des habitants, le maire de Raïs Hamidou a tenté de raisonner les jeunes en colère. Il a évoqué la difficulté des recherches en mer et la nécessité de patienter pour avoir des informations certaines.