Le président vénézuélien, réapparu en public samedi pour la première fois depuis six mois, a lancé l'idée d'élections législatives anticipées pour remplacer un Parlement où l'opposition est majoritaire. Le chef de l'Etat vénézuélien Nicolás Maduro continue de défier l'Occident alors qu'a expiré hier l'ultimatum donné par six pays de l'UE (Allemagne, Espagne, France, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni) lui enjoignant de convoquer une nouvelle élection présidentielle, faute de quoi ils reconnaîtront son rival Juan Guaidó comme président. À la place, le président vénézuélien, réapparu en public samedi pour la première fois depuis six mois, a lancé l'idée d'élections législatives anticipées pour remplacer un Parlement où l'opposition est majoritaire. Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, M. Maduro, 56 ans, rejette l'ultimatum européen et accuse les Etats-Unis d'orchestrer un coup d'Etat. Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus samedi dans les rues de Caracas, les uns pour exiger le départ de Nicolás Maduro, les autres pour célébrer le 20e anniversaire de la révolution bolivarienne et réaffirmer leur soutien au dirigeant socialiste. Autoproclamé «président», Juan Guaidó a affirmé que le mois de février serait «déterminant» pour chasser du pouvoir Nicolás Maduro. Des deux côtés, les photos prises par l'Agence France-Presse montraient des rues et des avenues noires de monde. Aucun chiffre fiable ne circule après les manifestations au Venezuela. Depuis une estrade devant la représentation de l'Union européenne à Caracas, le chef de l'opposition a annoncé l'arrivée dans les prochains jours d'une aide humanitaire destinée au pays à la frontière colombienne, au Brésil et sur une «île des Caraïbes», en demandant à l'armée de la laisser entrer. «Nous allons continuer dans la rue jusqu'à ce que nous soyons libres, jusqu'à la fin de l'usurpation», a déclaré, la voix enrouée, Juan Guaidó, 35 ans, en costume sombre et chemise blanche. «Oui, c'est possible !», lui répondait la foule. Anticipant un mois de février «qui doit être déterminant», il a appelé ses partisans à ne pas relâcher la pression, lors d'une nouvelle manifestation le 12 février, Jour de la jeunesse au Venezuela. Une autre mobilisation, liée à la distribution de l'aide humanitaire, est prévue dans les prochains jours, a-t-il lancé, sans plus de précision. Le «plan macabre» des Etats-Unis Nicolás Maduro a pris la parole devant un parterre de supporteurs réunis sur l'avenue Bolivar, où, six mois auparavant, des drônes chargés d'explosifs avaient explosé près de la tribune où il se trouvait. Il s'est déclaré favorable à la tenue d'élections législatives anticipées dans le courant de l'année, alors que le Parlement est justement la seule institution contrôlée par l'opposition. Le mandat actuel des députés, élus fin 2015, court de janvier 2016 à janvier 2021. Et les prochaines législatives doivent normalement avoir lieu fin 2020. Pour faire face à ce qu'il a qualifié de «plan macabre» des Etats-Unis, il a aussi annoncé une augmentation du nombre de soldats, en appelant les miliciens, un corps composé de civils, à rejoindre l'armée. Evoquant l'ultimatum lancé par les Européens, la chaîne de télévision vénézuélienne teleSUR déplorait sur son site internet samedi «la position interventionniste adoptée tant par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, que par l'Union européenne». Nicolás Maduro n'est pas reconnu par une partie de la communauté internationale, et l'opposant Juan Guaidó est soutenu par les Etats-Unis, la plupart des Etats latino-américains et certains pays européens. Jeudi, le Parlement européen a reconnu l'autorité de Juan Guaidó et a appelé l'ensemble des pays de l'Union européenne à faire de même. Un premier ambassadeur vénézuélien a rallié Juan Guaidó. En poste en Irak, Jonathan Velasco a déclaré dans un message vidéo que l'Assemblée nationale était «le seul pouvoir légitime». Ses habitants souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d'une inflation galopante (10 000 000% en 2019, selon le FMI). Depuis 2015, quelque 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, sur une population de 31 millions d'habitants.