Le RCD, le MSP, Talaie El Hourriyet, El Adala et autres Jil Jadid, pour ne citer que ceux-là, ont tous rejeté le plan de sortie de crise proposé par le chef de l'Etat. Le renoncement du président Abdelaziz Bouteflika à briguer un cinquième mandat, le report de l'élection présidentielle et l'engagement de tenir une conférence nationale inclusive dans les plus brefs délais ne semblent pas avoir convaincu les partis politiques de l'opposition. S'étant rangés aux côtés du peuple qui manifeste depuis le 22 février son refus d'un 5e mandat, ils n'ont pas hésité hier à rejeter cette énième feuille de route du pouvoir, appelant les Algériennes et les Algériens à maintenir la mobilisation. Le RCD, le MSP, Talaie El Hourriyet, El Adala et autres Jil Jadid, pour ne citer que ceux-là, ont tous rejeté le plan de sortie de crise proposé par le chef de l'Etat. Pour le RCD, «Abdelaziz Bouteflika vient de s'octroyer une prolongation illégale et indéterminée au poste de chef de l'Etat». Le parti de Mohcine Belabbas s'est demandé dans un communiqué, même à supposer que la feuille de route que Bouteflika propose «est teintée d'une quelconque sincérité» : «Qui peut croire aujourd'hui qu'un homme qui déclare ne pas avoir présenté sa candidature à l'élection présidentielle qu'il vient de reporter d'un coup de plume peut se porter garant de quoi que soit ?». Belabbas ajoute que «cette nouvelle manœuvre du clan est vouée à l'échec». Il a également dénoncé une décision «irresponsable» qui «peut préparer l'escalade». Le RCD appelle les acteurs politiques et sociaux «à une riposte à la mesure de l'affront infligé à la Nation», invitant Bouteflika à «démissionner». Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet a, dans une vidéo postée sur facebook, estimé que le prolongement du 4e mandat était «une violation par la force de la Constitution». Pour l'ancien chef de gouvernement, «ce qui a été programmé pour le 5e mandat est désormais consacré avec ce prolongement, sans autorisation ni plébiscite, ni accord du peuple». Retour à la plateforme de Mazafran De son côté, le MSP, dont l'idée de reporter la présidentielle a été défendue en fin de l'année dernière, a estimé que les démarches annoncées par Bouteflika «ne répondent pas aux aspirations du peuple algérien qui est sorti par millions à travers toutes les wilayas, réclamant le changement». Il s'agit d'«un détournement de la volonté des algériens», a écrit le parti islamiste à l'issue d'une réunion de son bureau exécutif. Le parti d'Abderrezak Makri se défend que l'offre du chef de l'Etat soit en concordance avec son initiative déjà proposée à la présidence et à l'opposition, mais «un contournement de son contenu». Il y relève plusieurs contradictions. D'abord, le fait que la feuille de route de Bouteflika «ne repose pas sur le principe de consensus et consacre la vision unique», «n'a aucune base juridique et constitutionnelle» et «ne détermine pas les mécanismes des réformes». Aussi, critique le MSP, le plan annoncé «n'est pas limité dans le temps». Et c'est pourquoi il appelle le pouvoir «à écouter la voix du peuple» dont le mouvement est «la seule boussole» et tous les acteurs «à faire prévaloir la voix du dialogue sans exclusion des partis et des jeunes du mouvement populaire pour arriver à une transition démocratique comme élaboré dans la plateforme de Mazafran». Détournement… Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, n'y a pas été lui aussi avec le dos de la cuillère, estimant que les Algériens ont été «surpris». Sofiane rappelle que les revendications du peuple étaient «pour le départ de tout le système». Pour lui, vendredi prochain, «les Algériens doivent sortir pour leur (tenants du pouvoir) dire : partez». «La victoire est entre nos mains, le peuple a brisé le mur de la peur», a soutenu le président de Jil Jadid. Idem pour Karim Tabbou, coordinateur de l'UDS (non agréé), qui a qualifié de «supercherie» les annonces du Président. L'ex-premier secrétaire national du FFS appelle ainsi le peuple à ne pas se laisser faire. «Mobilisons- nous pour que cesse l'imposture. Mobilisons-nous pour réaliser notre rêve : une Algérie libre et heureuse», a-t-il plaidé. Le chef du parti El Adala, Abdallah Djaballah, a regretté que la lettre du chef de l'Etat soit venue «non en fidélité aux revendications et aspirations du peuple, mais pour consacrer un contournement des revendications du peuple». «La prolongation du 4e mandat traduit une volonté de travestir le vœu de l'écrasante majorité du peuple de se libérer du système», écrit le parti de Louisa Hanoune dans un communiqué.