Le cardinal Tarcisio Bertone, qui occupait en tant que secrétaire d'Etat la deuxième place de la hiérarchie vaticane après le pape, a quitté mardi ses fonctions, dans l'exercice desquelles il a été très critiqué pour son incapacité à prévenir différents scandales. Âgé de 78 ans, Tarcisio Bertone laisse sa position de "vice-pape" à un compatriote italien, l'archevêque Pietro Parolin, de vingt ans son cadet, dont la nomination avait été annoncée à la fin du mois d'août. Le pape François, qui s'apprête à réformer la Curie, l'administration du Vatican, a remercié mardi Tarcisio Bertone, en l'absence de Pietro Parolin, qui se remet d'une opération chirurgicale, mais a évoqué une période "épineuse" à propos de l'exercice des fonctions du secrétaire d'Etat sortant. La nomination du nouveau secrétaire d'Etat, qui sert de Premier ministre au pape et est son principal conseiller, a été la plus importante effectuée par l'ancien cardinal Bergoglio depuis son élection en mars. Tout en n'ayant aucun pouvoir de direction sur les questions doctrinales, le secrétaire d'Etat remplace le pape quand ce dernier est malade. C'est lui qui donne le ton à la Curie, l'administration centrale du Vatican. Il participe à toutes les décisions du "gouvernement" pontifical, des finances à la nomination des évêques en passant par les relations diplomatiques entretenues avec plus de 170 pays. Tarcisio Bertone a été secrétaire d'Etat pendant la majorité des huit ans de pontificat de Benoît XVI. Il a été accusé de n'avoir pas suffisamment surveillé la Curie, dont certains des membres ont été accusés de corruption et de népotisme. C'est sous son secrétariat qu'a éclaté l'affaire dite du "Vatileaks", soit le vol et la transmission à la presse en 2012, par le majordome du pape Benoît XVI, de documents confidentiels révélant la corruption de l'administration papale. Cette affaire a éclaté en même temps que celle de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR) dit "Banque du Vatican", qui fait l'objet d'une enquête de la justice italienne pour blanchiment d'argent. L'ancien président de la banque, Ettore Gotti Tedeschi, qui était un proche de Tarcisio Bertone, a été démis l'an dernier par le conseil d'administration pour incompétence. Il rétorque qu'il a été limogé parce qu'il prônait une plus grande transparence au sein de l'établissement. Les détracteurs de Tarcisio Bertone lui reprochent en outre de ne pas avoir prévu les retombées de la levée de l'excommunication de l'évêque Richard Williamson, un lefèbvriste - néanmoins exclu de la fraternité Saint-Pie-X en 2012 - qui a tenu des propos négationnistes.