Certes, le médicament a été souvent en rupture de stock, mais la situation s'est nettement détériorée durant ces trois ou quatre dernières années, à tel point que le pharmacien se retrouve dans l'incapacité de la gérer. En moyenne, deux cent quarante-quatre (244) médicaments sont sous tension ou bien en rupture totale de stock, que ce soit à l'échelle nationale ou bien au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou. D'après Mouloud Smaïli, ce nombre est la moyenne nationale, puisque d'après ses dires, il y a des régions où le nombre de médicaments en rupture est beaucoup plus important. «Il y a une tension sur le marché. Certes, le médicament a été toujours en rupture, mais la situation s'est nettement détériorée durant ces trois ou quatre dernières années où le pharmacien se retrouve dans l'incapacité de la gérer. Le malade reste la seule victime qui peine à se procurer les médicaments prescrits par son médecin et contraint de sillonner l'ensemble du territoire national dans l'espoir d'y retrouver son médicament», a affirmé Mouloud Smaïli, président du bureau local du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou. Le même professionnel en pharmacie a mis en garde contre les troubles du marché que génère cette rupture, que ce soit pour le malade qui est contraint de mener un parcours du combattant pour trouver son médicament, mais aussi qui porte préjudice au travail du pharmacien qui n'arrive pas à honorer ses engagements pour satisfaire le malade et mettre à sa disposition le médicament. Ainsi, le Dr Mouloud Smaïli a dénoncé haut et fort les ventes concomitantes qui sont apparues sur le marché du médicament. «Nous dénonçons vivement ces pratiques de rétention du médicament imposées par certaines firmes ou répartiteurs. Nous exigeons de mettre à la disposition du malade des médicaments par voie légale». Ainsi, il a remis en cause le déséquilibre existant entre l'offre et la demande du marché qui est nettement supérieure. Ces pratiques, dira-t-il, se répercutent négativement sur le travail du pharmacien qui n'arrive pas à honorer ses engagements. Le même interlocuteur a dénoncé aussi la rupture des médicaments essentiels pour le traitement de maladies chroniques. Il a cité les injectables, les médicaments destinés aux maladies cardiaques, allergologie, pneumologie… Quotas d'importation inchangés pour 2019 Dans le même contexte, il a indiqué que durant le premier trimestre de l'exercice 2019, et en matière d'approvisionnement du médicament, il a fonctionné avec les avenants de l'exercice 2018. Cette année, selon les déclarations du ministère, il y a eu la signature de l'ensemble des programmes d'importation pour l'exercice 2019, mais malheureusement pour les mêmes quantités. Ceci dit, la situation restera inchangée en matière de disponibilité du médicament. «Nous avons alerté les pouvoirs publics afin d'augmenter les quotas, sachant la facture des importions du médicament, selon les chiffres publiés par l'ONS, a baissé de 40%. Nous avons espéré que cette facture soit revue à la hausse ne serait-ce que pour résorber ce manque existant sur le marché. Nous ne pouvons pas réduire la facture du médicament qui est un produit vital pour la santé publique. D'ailleurs, c'est l'un des chemins de bataille lancé par le Snapo», a-t-il ajouté. Pour remédier à cette rupture, huit réunions de cette cellule de veille qui se sont tenues depuis sa création qui a eu lieu du mois de mars 2018 à ce jour, et qui a été chapeautée par le ministère de tutelle et le Snapo, l'Union nationale des opérateurs en pharmacie. «Nous avons toujours plaidé pour la signature des programmes d'importation à temps et l'augmentation des quantités», a-t-il noté, avant d'ajouter : «Le pharmacien qui est le dernier maillon de la chaîne de distribution du médicament subit toutes les conséquences que ce soit en approvisionnement de la matière première, du médicament fini ou bien de l'importation». A cet effet, le Snapo, partie prenante de cette cellule de veille, a pour mission de surveiller le marché du médicament et détecter des cas de rupture. Dans le même sillage, il a affirmé qu'en novembre, la Fédération algérienne du médicament (FAM) a regroupé les opérateurs et les répartiteurs du médicament, dont le Snapo, durant laquelle ils ont proposé des solutions et des résolutions au ministère de tutelle pour éviter dans l'avenir ces ruptures. Par ailleurs, et malgré ces ruptures, il a félicité l'avancée considérable qu'a réalisée la production locale du médicament générique qui répond à la demande nationale à 54%. En revanche, il a remis en cause les contraintes auxquelles font face les producteurs en matière d'approvisionnement de matière première. «Nous appelons les pouvoirs publics à faciliter les producteurs du générique pour les encourager à produire plus et avec des normes internationales».