Vous avez évoqué lors de votre intervention le rôle des nouvelles structures régionales qui accompagneront les porteurs de projets...Dans le discours du président de la République du 24 février à Arzew, il a été fait mention de la création prochaine d'une structure certainement rattachée au wali qui sera présente dans les 48 wilayas du pays. La structure veillera à ce qu'on appelle le coaching. A l'heure actuelle, qu'est-ce qui gêne dans ce pays, que ce soit les promoteurs de l'Ansej ou les porteurs de projets classiques ? Une fois qu'ils ont les documents administratifs, comme le registre du commerce et la décision de crédit, les porteurs de projets ne peuvent pas évoluer sans une assistance ou un conseil dans un environnement qui reste difficile. Donc cette structure devra assurer, pendant deux ou trois ans, l'assistance aux nouveaux porteurs de projets et les aider à dépasser toutes les difficultés. Il y aura des conseillers des entreprises qui devront siéger dans cette structure et qui sont là pour recevoir des doléances sur les problèmes du registre du commerce, du fisc… Vous avez salué la décision du chef de l'Etat de créer un fonds d'investissements… Le Fonds national d'investissements devrait compléter les outils de financement des services de l'entreprise et des projets. Jusqu'à présent, le système bancaire n'avait pas de ressources, donc ne pouvait pas prêter sur des périodes longues qui dépassent cinq, voire sept ans. Maintenant, le contexte de concurrence international est rendu plus difficile vu que les projets d'investissements ne peuvent plus s'amortir comme avant en cinq ans ; il faudrait une durée plus longue de 15 ou 20 ans. Et cela, les banques ne pouvaient pas le faire. Donc ce Fonds national d'investissements va pouvoir prêter pour une période plus longue et va pouvoir également prêter des montants plus importants. Le président de la République a décidé d'injecter 150 milliards de dollars dans le développement. Quels sont les secteurs que vous voyez nécessaires à développer ? Jusqu'à présent, le développement qui était impulsé par le Président a porté sur la dépense publique. Nous avons l'autoroute, le rail, le logement, des lycées et les hôpitaux. C'est bon, mais ce n'est pas encore suffisant parce que ces investissements qui ont été faits n'ont pas amélioré la production industrielle et n'ont pas mis sur le marché suffisamment de produits de services. Aujourd'hui, le Président a compris que les 150 milliards de dollars qui doivent être affectés au développement ne seront pas investis seulement dans les infrastructures. Il faut veiller au démarrage de certaines entreprises publiques. Il est prévu la mise sur pied de gros projets, il est prévu également un programme d'assistance à la PME. Il faut renforcer notre économie pour qu'elle soit plus créatrice de richesses, pour sortir le pays des hydrocarbures et permettre dans quelques années de dépasser le cap des 2 milliards de dollars d'exportations. Par ailleurs, on ne peut pas miser dans un pays uniquement sur la distribution et les commerces parce qu'il va arriver un moment où les gens n'auront plus les salaires pour acheter les produits importés. La richesse d'un pays, c'est la création des entreprises. Une partie de cette création des richesses doit venir des usines. I l est très dangereux de voir un tissu industriel de cette façon disparaître. Le drame actuel, c'est qu'on assiste à une désindustrialisation. Il faudrait tout mettre en œuvre pour que les capacités de production dans ce pays reviennent à un taux normal. Nous étions à 18% et maintenant nous sommes à 5%. Il faut savoir que la moyenne en Tunisie ou au Maroc de la part industrielle dans la création des richesses est de 15%. Nous avons un gros déficit à combler.