Les bureaux de la banque irano-vénézuélienne vont bientôt être inaugurés dans la capitale bolivarienne, Caracas. Il est prévu l'ouverture d'autres agences dans les pays latino-américains voisins. Le siège de cette banque créée entre les deux pays se trouve à Téhéran. Cet organisme aura les coudées franches pour intervenir dans les pays du Moyen-Orient, d'Asie et d'Europe. Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a affirmé que l'émergence de telles structures permettra la mise en place d'un modèle financier plus juste et exclura la mainmise des grands consortiums financiers sur les richesses des pays du Sud. Cela mettra ainsi un frein au néocolonialisme dont souffrent la plupart des pays pauvres. Avec l'avènement de la banque du Sud, les pays d'Amérique latine ont décidé de sortir de la dépendance du FMI et de la Banque mondiale. L'objectif était d'arriver à financer eux-mêmes leurs projets. Ces pays ont pâti considérablement de l'intervention du FMI et certains en payent depuis vingt ans les conséquences désastreuses. Passer aux accords bilatéraux Par la création de cette banque, le leader vénézuélien a voulu, selon ses déclarations, «envisager une autre stratégie, car mettre en œuvre la Banque du Sud n'était pas chose facile.» Sa nouvelle stratégie privilégie donc le passage vers des accords bilatéraux, plus aisés à concrétiser. Chavez souligne tout de même qu'il aura fallu trois ans pour la finalisation de cet accord avec l'Iran. D'autres projets entre les deux pays sont en cours de réalisation, à l'image de la création d'une entreprise minière mixte. Dans le cadre de ces échanges, la visite du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad au Venezuela est annoncée pour mai prochain. Les accords dans le secteur des hydrocarbures et du gaz entre les deux pays seront également maintenus. Soulignons qu'une banque binationale russo-vénézuélienne va bientôt voir le jour. Par ailleurs, la Chine, force économique mondiale, a déjà entamé sa coopération stratégique avec le Venezuela à travers le Fonds de financement stratégique sino-vénézuélien et plus de 200 accords signés dans différents secteurs. La Chine va investir 4 milliards de dollars au Venezuela. Vers des monnaies d'échange autres que le dollar La crise financière actuelle risque, comme le prévoient de nombreux analystes, d'être une des plus destructrices. Certains pays qui ne veulent pas être entraînés par la chute du dollar évoquent depuis un certain temps de trouver une alternative à l'hégémonisme du dollar sur le monde. La Chine n'est pas exempte de voir ses réserves chuter avec ses 750 milliards de dollars de bons du Trésor américains. La Russie et la Chine ont proposé lors du sommet du G20, tenu à Londres le 2 avril passé, la création d'une nouvelle monnaie de réserve internationale. Chavez estime que les changements n'interviendront que grâce «à des accords bilatéraux, trilatéraux, au sein des groupes régionaux du bloc latino-américain, du bloc africain, moyen-oriental, asiatique. Cette monnaie va se créer comme un réseau de nouveaux échanges régionaux.» Au 2e Sommet de Doha regroupant les pays d'Amérique du Sud et les pays arabes, il avait lancé l'idée d'une pétro-monnaie à la place du dollar. Une monnaie qui concernerait les pays producteurs et exportateurs de pétrole. En Amérique latine, on parle même d'un projet «sucre» pour constituer un nouveau système monétaire.