Les chefs d'Etat des sept pays d'Amérique du Sud vont lancer officiellement aujourd'hui, dans la capitale argentine Buenos Aires, la Banque du Sud. Dotée d'un capital de départ de 7 milliards de dollars, la banque se veut, selon l'avis de beaucoup d'analystes, une réponse latino-américaine au Fonds monétaire international (FMI), rapportent des agences de presse. Cette initiative est née de l'impulsion du président vénézuélien, Hugo Chavez, dans le cadre de « sa croisade contre les Etats-Unis et les institutions financières internationales » qu'il considère comme des « instruments de Washington » ayant appauvri les peuples d'Amérique latine. La Banque du Sud rassemble pour le moment le Venezuela, le Brésil, la Bolivie, l'Equateur, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay, et aura vocation à financer des projets de développement dans la région. Les pays fondateurs ont 60 jours, à compter du lancement officiel de la banque, pour trouver un accord sur les modalités de son fonctionnement, selon une source officielle argentine. La Banque du Sud aura son siège à Caracas et les sept pays fondateurs espèrent obtenir l'adhésion des cinq autres pays sud-américains : le Chili, la Colombie, le Pérou, la Guyane et le Surinam. Selon certains experts, le nouvel établissement financier ne devrait pas s'endetter sur le marché des capitaux. Son capital serait fourni par les pays membres qui la financeraient par un apport initial, par des prêts, mais aussi par des taxes. Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, avait assuré, quant à lui, que cette nouvelle institution financière internationale ne faisait pas d'ombre à la sienne. « Le travail ne manque pas en Amérique latine », a-t-il affirmé. La Banque mondiale et surtout le FMI ont été vivement critiqués par les dirigeants du Venezuela, mais aussi de l'Argentine, de la Bolivie et de l'Equateur pour avoir contribué, selon eux, à l'endettement et à l'appauvrissement du continent sud-américain dans les années 1980 et 1990. M. Cabezas avait précisé à ce sujet en octobre dernier que la nouvelle banque n'imposerait aucun « monitoring indigne pour les peuples comme celui du Fonds monétaire international ou de la Banque mondiale ». Aujourd'hui, les pays fondateurs de cette banque se disent ne pas vouloir continuer à subordonner leur économie aux fluctuations du dollar ou de l'euro. Ils ont besoin d'une maîtrise souveraine de leur politique monétaire. L'idée de monnaie commune prend naissance à partir de cette initiative pour une meilleure « coopération monétaire permettant de cofinancer de grands projets, selon une logique propre aux besoins transversaux des pays du continent sans dépendre du bon vouloir et des priorités des multinationales du Nord ».