La France n'est pas à l'abri d'un séisme comparable à celui qui a frappé récemment le centre de l'Italie. Le tremblement de terre le plus meurtrier en France remonte certes au 11 juin 1909, à Lambesc (Bouches-du-Rhône), mais un événement similaire à la catastrophe des Abruzzes est inévitable, même si l'aléa sismique est bien plus élevé dans la péninsule italienne. S'il survenait aujourd'hui, le séisme de Lambesc ne ferait pas 46 morts, comme il y a un siècle, mais plus d'un millier, et des dizaines de milliers de blessés, compte tenu de l'accroissement de la densité de la population. Le député Christian Kert, auteur en 1995 d'un rapport parlementaire sur le risque sismique, comptait sur l'anniversaire de Lambesc pour sensibiliser la population et appeler le gouvernement à hâter la révision de la réglementation en vigueur. Le cataclysme de L'Aquila l'a devancé. De fait, «une nouvelle carte de l'aléa sismique devrait être publiée courant 2009, assortie de nouvelles règles de construction parasismique unifiées au niveau européen», indique Philippe Sabourault, responsable du plan Risque sismique 2005-2010 au ministère de l'Ecologie français. Michel Granet, responsable du Réseau de surveillance sismique et directeur de l'Ecole et Observatoire des sciences de la terre (EOST), installés à Strasbourg, rappelle que la cartographie de la sismicité ne dit pas tout : il s'agit de «cartes d'aléas, et non de risques». Un long travail de «microzonage» reste à faire sur l'effet de site (la façon dont les ondes peuvent s'amplifier localement). Par ailleurs, le risque dépend de la présence humaine et du type d'habitat et d'industrie. Concernant les tsunamis, la France doit accueillir un centre régional d'alerte pour la zone Méditerranée-Atlantique Nord, mais il ne sera pas opérationnel avant plusieurs années. Enfin, pour la construction parasismique, le maillon faible est le contrôle du bâti courant, estime Christian Kert.