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La grande saignée
Vols de câbles en cuivre
Publié dans Le Temps d'Algérie le 13 - 04 - 2009

Des milliers de kilomètres de câbles arrachés, des lignes téléphoniques coupées, des quartiers entiers sans électricité, des wagons de train à l'arrêt, mais aussi et surtout des millions de dinars de perdus, telles sont les conséquences des vols de câbles destinés à alimenter le trafic d'une matière dont les cours s'envolent en bourse : le cuivre.
Bien qu'apparu il y a déjà plusieurs années, ce phénomène a pris des proportions alarmantes, vu les quantités volées qui ont doublé d'importance et les paralysies qu'occasionnent ces délits aux entreprises les plus touchées et aux citoyens. Mais aussi par ricochet à l'Etat vu le manque à gagner engendré par ces vols à répétition. Les câbles en eux-mêmes ne sont d'aucune utilité aux voleurs. Une fois obtenus, les fils sont dénudés et les fibres de cuivre extirpées. Destination ?
«Certaines villes réputées être le pôle des marchés parallèles. Ensuite, elles sont acheminées vers les frontières évidemment !», témoigne un jeune homme qui a eu à fréquenter des trafiquants en tout genre. Il est d'ailleurs fréquemment fait état dans la presse de saisies de telles cargaisons, qui ne proviennent pas toutes de vols à proprement parler. «Par exemple, les maîtres de chantiers récupèrent, une fois les travaux finis, ce qui reste des fournitures. Ou bien ils commandent une certaine quantité de marchandise et ne déclarent en avoir reçu que la moitié», assure-t-il. La différence ira nourrir les réseaux internationaux de trafic de métaux, dont l'Algérie est une des plaques tournantes.
Phénomène en augmentation
Pour ce rendre compte de l'étendu du phénomène, il suffit de prendre connaissance des dépôts de plainte, contre X évidemment, qu'ont enregistrés les forces de police. D'après les statistiques du DPJ, pour l'année 2007, il a été fait état de 506 affaires de ce genre à l'échelle nationale.
Seules 139 d'entre elles ont été résolues, entraînant l'arrestation de 319 personnes. L'estimation des dommages causés, et ce, pour seulement les cas traités dans 29 wilayas, est de 40 millions de dinars. Et la tendance va crescendo : pour les huit premiers mois de l'année 2008, le nombre de dépôts de plainte a atteint les 831 cas de vols. Il a été procédé à l'interpellation de 355 personnes dans le cadre de la résolution de seulement 194 affaires.
Mais le plus préoccupant est l'augmentation des pertes occasionnées. Ainsi, l'estimation des dommages, couvrant 33 wilayas du pays, est de 202 millions de dinars. Et ces chiffres ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Car ils ne concernent que les vols de câbles téléphoniques, un répertoire pour traiter les vols de câbles électriques ayant récemment été mis en place par les services du DPJ.
De plus, tous les vols ne sont pas systématiquement signalés, et quand ils le sont, les quantités subtilisées sont importantes.
Dès lors, il est extrêmement ardu pour les enquêteurs de procéder à des arrestations tant les voleurs prennent nombre de précautions et tant les méfaits sont commis dans des zones isolées, loin de tout témoin. De même, et selon les intervenants, des complicités sont évidentes, que cela soit sur chantier, au niveau des postes de garde, des cheminots et du personnel local. Preuve en est, la proportion réduite d'affaires résolues, comparativement au nombre d'affaires enregistrées.
Les vols de câbles téléphoniques en chiffres
En 2007, la wilaya de Aïn Defla est celle qui a enregistré le plus grand nombre d'affaires — 66 —, et ce, pour des dommages estimés à 4 millions de dinars. La seconde wilaya la plus touchée était Djelfa avec 45 affaires enregistrées, suivie de Tizi Ouzou (43), Batna (38), Tlemcen (28) et Skikda (27). Annaba, pourtant connue pour être une des régions les plus touchées par ces vols, n'a connu en 2007 que 7 dépôts de plainte. Quant à Alger, elle n'en a vu que quatre.
En 2008, du moins pour les huit premiers mois de l'année, c'est la wilaya de Khenchela qui a connu le nombre le plus élevé d'affaires (109) pour un montant de pertes de 29 millions de dinars. Viennent ensuite les wilayas de Tizi Ouzou et de Aïn Defla avec 65 cas enregistrés, Médéa (57), Batna (52), Tlemcen (46) et Annaba avec 44 cas. Alger, pour sa part, a vu le nombre de plaintes doubler, passant de quatre à huit.
Lorsque des personnes sont appréhendées pour vol de câbles et trafic de cuivre, elles sont le plus souvent impliquées dans plusieurs autres affaires criminelles et arrêtées à l'origine pour d'autres méfaits. Ainsi, la wilaya qui a enregistré l'arrestation du plus grand nombre de malfaiteurs et de voleurs de câbles est, en 2007, Skikda avec 52 personnes arrêtées, suivie de Laghouat avec 45 interpellations. En 2008, c'est toujours dans la wilaya de Skikda que le plus d'auteurs ont été interpellés. Ils sont, jusqu'au 31 août 2008, 38.
L'importance du préjudice financier ne va pas de concert avec le nombre d'affaires enregistrées par les forces de police. La wilaya d'Illizi, qui n'a enregistré que 4 cas en 2008, dont un seul élucidé, arrive pourtant en tête du classement en termes de montant des pertes occasionnées, avec des dommages s'élevant à quelque 81 millions de dinars.
Les principales victimesEntre hémorragies et tentatives de protection des infrastructures
Le vol de câbles, qu'ils soient téléphoniques ou électriques, prend de l'ampleur et coûte cher aux entreprises touchées par ce phénomène. Algérie Télécom, Sonelgaz et la SNTF en sont les premières victimes.
La première pour évidemment les câbles téléphoniques fréquemment sectionnés et qui entraînent des coupures de lignes. La deuxième pour les kilomètres de fils électriques volés, plongeant des cités dans le noir. Quant à la troisième, ses infrastructures souffrent de toute sorte d'actes de vandalisme, les vols de câbles téléphoniques et électriques étant les plus pénalisants.
Algérie Télécom
Durant l'année 2007, l'opérateur historique a connu pas moins de 135 actes de vol. Opérant en terrain isolé, les voleurs ont pu dérober quelque 43 500 km de câbles sans être inquiétés, laissant penser que ces personnes se sont organisées en «gangs» et en réseaux, et qu'elles bénéficient de complicités. Les pertes enregistrées par l'entreprise au cours de cette année du fait de ces pillages s'élèvent à 5,5 millions de dinars.
Somme non négligeable dans la balance d'une entité économique qui connaît déjà des difficultés par les nombreuses créances et factures impayées. Et pour l'année 2008, la saignée continue, puisque durant le premier trimestre, pas moins de 82 vols ont d'ores et déjà été enregistrés. Près de 15 000 km de câbles ont été subtilisés, et ce, pour un montant de près de 25 millions de dinars. Renforcer les chambres téléphoniques et bétonner les points d'insertion des câbles ont été des mesures prises par l'opérateur pour tenter de mettre un holà à ces vols.
Ce qui est doublement pénalisant en cas de panne et de dérangement des lignes, ralentissant les interventions et mobilisant plus de personnels et plus de matériels. Généraliser l'utilisation de la fibre optique serait dès lors le meilleur remède pour éradiquer ce phénomène qui n'en finit pas de grever le budget de l'entreprise.
Sonelgaz
Tandis que le vol de câbles téléphoniques se fait relativement sans danger pour les pilleurs, un autre type de câbles les exposent à des électrocutions, de sévères brûlures et parfois à la mort. Sonelgaz en fait fréquemment les frais, ainsi que ses nombreux abonnés. Localisés dans un premier temps uniquement au niveau des déchets, notamment les matériels déposés, ces vols se sont ensuite étendus aux réseaux électriques des zones abandonnées.
En intervenant sur les lignes aériennes en fonctionnement, ils risquent leur vie sans pour autant que cela les dissuade de commettre leurs méfaits. Les responsables de l'entreprise diront à ce sujet : «Ceux qui sortent indemnes de ce ‘‘rapt'' sont en voie d'acquérir une expérience de plus en plus pointue. Les agents du groupe Sonelgaz assistent aujourd'hui à des démontages, fruit de professionnels aguerris, de tableaux basse tension et de disjoncteurs moyenne tension.»
D'ailleurs, affirment-ils, une douzaine de tableaux basse tension ont été démontés et volés des postes de transformation, ce qui a amené les exploitants à les souder pour rendre l'opération de démontage plus difficile. Les voleurs profitent également de la particularité de la distribution électrique à travers les réseaux de lignes aériennes et souterraines. Cette répartition des équipements et des ouvrages dans l'espace les rend vulnérables, car ne pouvant pas être gardiennés simultanément et en tout lieu. Par ailleurs, la hausse des prix du cuivre, de l'aluminium et de l'acier ne fait qu'attiser les convoitises.
La disparition d'une partie d'une ligne ou des conducteurs d'une ligne électrique occasionne une interruption immédiate de la fourniture de l'énergie électrique. Ainsi, le manque à gagner enregistré par la collectivité se chiffre, selon le cas, à des dizaines de millions de dinars, car toutes les activités socioéconomiques sont paralysées. A titre d'exemple, Sonelgaz Distribution Ouest a perdu en 2008 près de 120 690 km de câbles, ce qui équivaut à près de 188 millions de dinars de pertes sèches.
Pour le groupe Sonelgaz, le taux des pertes est également très important et se caractérise par des kilowattheures (kWh) non vendus et des réseaux détruits qu'il faut rétablir au plus vite. Pour tenter de mettre fin à ces actes, la société a remplacé le cuivre contenu dans les câbles par de l'aluminium. Ce qui a quelque peu réduit le nombre de vols, sans pour autant faire cesser le pillage.
La Société nationale des transports ferroviaires
La Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) est doublement touchée par ce phénomène : les vols de câbles électriques immobilisent des trains durant plusieurs heures, et les vols de câbles téléphoniques engendrent des coupures des communications de liaison entre les conducteurs et la gare.
Avec ses 4000 km de voies ferrées, particulièrement dans des contrées peu fréquentées, la SNTF est évidemment la proie idéale. Ainsi, ces actes de vandalisme auront coûté à l'entreprise près de 51 milliards de dinars. Rien que pour le premier semestre de l'année 2008, il a été enregistré dans la région de Constantine plus de 45 millions de dinars de pertes.
Ce qui équivaut à 35 500 mètres de câbles tous types confondus. Pour tenter de stopper cette hémorragie, plusieurs mesures ont été mises en place. Par exemple, bétonner les câbles, en utilisant à la place des tuyaux galvanisés des tuyaux métalliques qu'il faudra scier avant de pouvoir voler le câble qui s'y trouve.
De même, les locaux des gares et autres stations sont entourés de doubles murs en guise de portes. Les câbles sont enterrés et tout est fait pour les mettre à l'abri des regards et des convoitises. Le but étant de dissuader les voleurs et de gagner du temps, car une tentative de vol prendrait plus temps et de moyens matériels.
La SNTF essaie aussi d'utiliser des câbles en alliage, voire la fibre optique, dans tous ces nouveaux projets. Mais cela ne change pas grand-chose. Parfois, voyant qu'ils ne peuvent pas voler la fibre optique, car non lucrative, ils la détériorent, déplore un responsable de l'entreprise. Un renforcement de la surveillance des points névralgiques des réseaux a été engagé, ainsi qu'un doublement des effectifs de maintenance.
Car là est le problème de tous ces procédés «hard» de protection : c'est qu'ils coûtent aussi beaucoup, en termes de matériel et de temps d'intervention, aux entreprises. Pour l'installation, l'entretien, et en cas de panne, le démantèlement et la réparation. La SNTF a d'autant plus peur des actes de vandalisme avec le lancement du train électrique.
La caténaire, dans laquelle circulera un courant de plus de 25 000 volts, pourrait provoquer des dégâts humains considérables en cas de vol, mais aussi paralyser les wagons jusqu'à réparation. Ce qui pourrait prendre beaucoup de temps. C'est pour prévenir tous ces incidents que 200 personnes seront mobilisées pour surveiller, maintenir et protéger toutes ces infrastructures «qui appartiennent avant tout aux citoyens».


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