C'est à l'aube de la Révolution algérienne qu'elle commence à publier ses premiers romans à l'instar de Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Feraoun…Une période où l'Algérien luttait pour son indépendance, son existence. A cette époque, écrire n'était pas chose aisée pour un Algérien, et pour une femme, c'est briser les tabous et les représailles. Elle a écrit au féminin, sans être féministe. L'auteure, dans son plus jeune âge, baigne dans un univers dans lequel ses écrits prennent déjà des formes. C'était la guerre. Pourtant, au sein de ce monde en guerre, la petite fille vit ses premières expériences de misère humaine à travers les épreuves de souffrance que traversent les êtres qui lui sont proches. L'expérience est simple, mais l'émotion n'en est pas moins intense. Sur La Soif, son premier ouvrage paru en 1957, et ses deux romans Les Impatients et Les Enfants du nouveau monde, elle avait déclaré que «ces trois premiers romans de jeunesse ont été écrits très vite, à chaque fois, dans une fièvre joyeuse, une parenthèse de trois ou quatre mois». J'avais beaucoup apprécié Les alouettes naïves que mes amis m'avaient prêté, car ce roman foisonnait de détails, de réflexions, d'anecdotes. Aussi ils constituent autant de pièces de cette mosaïque de la société algérienne de cette époque. Dans ses écrits, s'entremêlent le vécu, la souffrance et la joie, et le récit en témoigne sans jamais exclure une émotion au profit de l'autre. Ici la narration ne se veut ni vraie ni fictive, elle livre avec authenticité un florilège de souvenirs précieux. L'auteure incarne sa citoyenneté dans la voie des mots pour contribuer à rendre à la femme qui n'avait pas encore de voix. La plupart de ses romans sont inspirés du vécu et ont comme espace l'Algérie, La femme sans sépulture, Femmes d'Alger dans leur appartement, L'amour, la fantasia, Ombre sultane, Nulle part dans la maison de mon père… Assia Djebar, de son vrai nom Fatima-Zohra Imalayène, est née le 30 juin 1936 à Cherchell (Algérie). Elle a publié une vingtaine de romans, nouvelles, poésies et essais. Elle a également écrit pour le théâtre, et a réalisé plusieurs films et documentaires témoignages sur la femme algérienne. Dans l'univers d'Assia Djebar, le roman n'est pas simplement une forme littéraire mais plutôt une posture, un regard posé sur le monde que la philosophie et l'étude des lettres alimentent en donnant, finalement, plus de liberté à la création elle-même.