Le groupe égyptien, Ansar Beït Al-Maqdess, rallié à l'Etat islamique (EI) en Libye, a, dans une vidéo postée dimanche, montré la décapitation de 21 ressortissants égyptiens. Avec ces exécutions revendiquées par sa branche libyenne, l'organisation terroriste de l'Etat islamique démontre qu'elle a exporté ses méthodes d'extrême brutalité en dehors des régions contrôlées en Syrie et en Irak. L'armée égyptienne a répliqué à cette tuerie par des opérations militaires ciblant la ville de Derna, fief du groupe terroriste EI. Ali Zaoui, expert en stratégie de lutte antiterroriste en Afrique et au Moyen-Orient, a estimé que les représailles égyptiennes sont «une violation du droit international». Selon lui, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi. Les autorités ne parviennent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi face à une armée et une police régulières affaiblies. Condamnant énergiquement l'assassinat des ressortissants égyptiens par l'EI en Libye, les qualifiant de barbares et d'actes terroristes, Zaoui a toutefois estimé que les opérations militaires menées hier par l'armée égyptienne est une «atteinte à la souveraineté de la Libye quand bien même est elle instable». «L'Egypte a, en guise de représailles, mené des frappes aériennes ciblant des points stratégiques de l'EI dans la ville côtière de Derna», a-t-il expliqué. Derna est devenue le fief du terrorisme dans la région, alors que près de 2 millions de pièces d'armes sont en circulation dans ce pays. «Des alertes sur la probabilité de l'augmentation des violences terroristes ciblant la Libye ou bien les pays voisins ont été données depuis près d'une année. Derna doit être reprise par le gouvernement libyen», a indiqué Zaoui. Il a ajouté : «L'Egypte a attaqué sans avoir l'aval de l'ONU, seule instance habilitée à ordonner une ingérence militaire. Ce qui est un point noir pour le pays voisin.». L'expert a souligné que cette exécution véhicule un message à l'Etat égyptien. «Ansar Beït Al-Maqdess, composé d'extrémistes des frères musulmans égyptiens rejoignant cette nébuleuse terroriste, reproche au pays du Nil d'être derrière plusieurs frappes militaires menées en Libye au cours des derniers mois», a-t-il noté précisant que «l'Egypte a opté pour l'insécurité et l'instabilité de ces régions frontalières, alors qu'elle-même est en proie à cette instabilité depuis la chute de Moubarak». Pour lutter efficacement contre le terrorisme en Libye, Ali Zaoui a préconisé la voie diplomatique. «Nous confortons la position de l'Algérie et soutenons ses efforts de médiation entre les différentes parties libyennes», a-t-il dit, soulignant dans ce sens que «la voie diplomatique est la seule issue pour la sortie de crise de ce pays et de toute la région. Les milices armées pro ou anti-Kadhafi sont d'abnégation tribale, donc il faut inciter les chefs des tribus libyennes à influencer sur les parties armées afin que le pays renoue avec la sécurité et la stabilité». L'expert a toutefois estimé que la lutte doit être menée à l'échelle sociale. «Ceux qui ont rejoint l'EI en Libye sont en majorité issus de familles pauvres et démunies. La lutte doit également passer par la base.» Alger a depuis le début appelé à un dialogue inclusif entre les parties belligérantes, et lors de sa visite d'Etat à Alger en 2014, le président égyptien Al Sissi avait conforté la position algérienne et s'est dit contre toute ingérence militaire en Libye.