La mobilisation dans les villes du sud du pays pour rejeter le projet d'exploration du gaz de schiste ne s'affaiblit pas. Les populations d'In Salah, Tamanrasset, Ouargla, Djanet et Aoulef qui relèvent d'Adrar voient toujours d'un œil méfiant l'exploitation de cette ressource dans leur région. A In Salah, où les manifestations anti-gaz de schiste viennent de boucler leur deuxième semaine consécutive, une imposante marche à laquelle ont participé quelque 13 000 habitants a eu lieu dans la matinée de jeudi. A Ouargla, quelque 5000 personnes sont sorties dans la rue brandissant des banderoles sur lesquelles étaient mentionnées des écrits montrant leur solidarité avec les citoyens d'In Salah et leur opposition à l'exploitation du gaz de schiste. Les manifestants de Ouargla auxquels se sont joint plusieurs militants de la Coordination des droits de chômeurs (CNDDC) ainsi que de nombreux étudiants issus des différentes wilayas du Sud ont aussi scandé des slogans contre l'exploitation de cette énergie, rapporte-t-on de sources fiables. Un important dispositif de sécurité a été déployé à Ouargla pour assurer la sécurité des manifestants. Après la marche qui a duré toute la matinée de jeudi, les manifestants se sont dispersés dans le calme et aucun incident n'a été signalé, appuient encore nos sources. S'agissant de la ville de Tamanrasset où une autre marche a été initiée dans la même journée, ses habitants affichent depuis plusieurs jours déjà leur solidarité aux populations d'In Salah et ce, via le recours à des mouvements de grève des commerçants, généralisés quelquefois aux administrations et même aux établissements scolaires. Les marches simultanées organisées ce jour-là dans plusieurs villes du Sud ont été qualifiées de réussies par leurs organisateurs. Hadj Mohammed Zegzeg jure que le mouvement anti-gaz de schiste entrepris dans sa ville natale ne fléchira pas avant que les autorités du pays ne décident de l'abandon de ce projet. En plus d'In Salah qui a connu l'une des marches les plus imposantes, plusieurs autres manifestations similaires ont eu lieu notamment à Ouargla, Tamanrasset et Djanet sans oublier la localité d'Aoulef distante de 200 km du chef-lieu de la wilaya d'Adrar. Résistance depuis …. juin 2014 Le secret d'une telle mobilisation est le fruit d'une collaboration entre les différents comités actifs dans le Sud et qui sont le Collectif anti-gaz de schiste, la Coordination nationale de la défense des droits de chômeurs (CNDDC) ainsi que l'organisation dite «Houmat El Watan» (protecteurs du pays). Ce sont ces organisations et plus particulièrement les membres du collectif anti-gaz de schiste qui ont sensibilsé sur les dangers de l'exploration de cette ressource non conventionnelle. «Nous avons été les premiers à dénoncer l'exploitation du gaz de schiste. Nous nous sommes opposés dès le début à ce projet et dès lors on a commencé à sensibiliser les citoyens sur les dangers auxquelles ils sont exposés. Nous avons ensuite organisé une première manifestation devant la direction de l'Energie d'Adrar en date du 3 juin 2014. Cette action a été suivie par un sit-in à Ouargla et puis des manifestations à In Salah quelques jours après le lancement du forage expérimental en décembre 2014», nous dira Mohamed Kasmi, membre dudit collectif. Et d'enchaîner : «Nous militons pour la préservation de la santé publique et de l'environnement. 90% des écrits disponibles sur le gaz de schiste évoquent plutôt ses dangers et ses risques que de ses bienfaits et ses avantages.» De son coté, Hassina Zegzeg, une femme d'une soixantaine d'années, élément actif du groupe, nous fait savoir que les membres du même collectif «ont fait du porte-à-porte pour sensibiliser les populations et dire non au gaz de schiste». Il y a eu un effort en matière «d'éveil des consciences» des populations du sud du pays consentis par ces organisations. Hassina Zegzeg qualifie l'exploitation du gaz de schiste à la fois «d'écocide». «Ce n'est même pas rentable pour le pays», estime-t-elle.