Surpris dans la chambre à coucher par le couple qui venait de rentrer, le prévenu, pour échapper au délit de vol, s'est amusé à exécuter un inattendu numéro de strip-tease pour faire croire en la présence d'un fou. Mais les juges, eux, sont plus fous. Le juge de Cheraga (cour de Blida) n'est pas réputé pour être quelqu'un qui peut pouffer pour n'importe quoi. A Blida où il avait été promu président de la chambre correctionnelle des détenus, il n'est toujours pas prêt à s'esclaffer à la moindre grimace. - Prévenu, la cour a renvoyé votre procès il y a une quinzaine de jours juste pour que vous vous calmiez, histoire d'être rejugé dans les limites de la loi. Ce lundi, êtes-vous prêt à être rejugé ? où est votre acovat ? balance, le regard froid, Aïssa Mim, le président assisté de ses deux conseillers - J'ai interjeté appel car à Chéraga on m'a pendu haut et court pour un délit que je n'ai jamais commis. Je ne veux pas être défendu par les avocats. Je ne veux pas d'aumône..... A cet instant, une jeune avocate entre en trombe, s'excuse et annonce sa constitution au lieu et place de son confrère pris dans la circulation routière. - Bien. Je vous rappelle toutefois les deux délits qui vous ont fait condamner en première instance à une peine de prison ferme de trois ans pour violation de domicile et tentative de vol ajoute le magistrat qui va alors rappeler en vingt-cinq lignes les deux délits, en faisant attention à une éventuelle «sortie» du prévenu.... «Dans la nuit du 25 au 26 février, vous vous étiez introduit dans un domicile désert en cette fraîche nuit. Vous aviez commencé vos recherches. Vous vouliez des bijoux ou de l'argent liquide cela vous a pris du temps-entretemps les maîtres des lieux étaient revenus», chantonne Mim qui alla droit aux faits hilarants : «Au moment où la lumière fut allumée, vous étiez debout dans le plus simple appareil devant le couple qui n'en revenait pas...» - Il faut dire que j'étais si fatigué que je voulais m'allonger pour la nuit et... Il est à son tour interrompu par le juge : - Non, vous étiez dans le plus simple appareil pour faire le fou et échapper au glaive de la justice. Le prévenu détenu se permettra un rire franc : - Monsieur le président, un fou ne cherche pas à dormir dans une chambre mais dans le couloir, rétorque avec des tics faisant croire à de l'aliénation mentale, le détenu d'ailleurs est vite rappelé à l'ordre par un président qui n'avait pas du tout envie de rigoler. - Alors, nous allons oui ou non, nous remettre au boulot ? tonne le président avec une intention d'aller vite aux faits sans détours ni dérives inutiles - Monsieur le président, on m'a méprisé à Cheraga et même dans le fourgon avec les gendarmes... - Non , non. Les gendarmes vous ont supporté et ont été extraordinaires car il a fallu vous réembarquer pour la taule. Et le tout avait été réalisé avec un louable professionnalisme. - C'est vrai les gendarmes sont chics mais le juge... - ça suffit, reconnaissez-vous avoir violé le domicile et tenté de voler ? dit pour une énième fois Mim qui va prendre acte des demandes du procureur général lequel a demandé l'aggravation de la peine car à Chéraga cinq ans avaient été requis. Ayant refusé de prononcer le traditionnel dernier mot, le prévenu allait se farcir l'entière audience et il allait prendre connaissance du verdict que tard : la chambre correctionnelle confirme le verdict du tribunal et a rejeté la folie, la simulation, la comédie, le cinéma et tout et tout.