Exhibition Un serveur de bar à Bou Ismaïl, portant une boucle d'oreille et, tenez-vous bien, cinq colliers en or, se fait attaquer sur la plage. Si ce n'est pas de la provocation, comment peut-on appeler cette attitude ? Athmane et Nacéra, un jeune couple fiancé, regardent, avec curiosité, le président du tribunal de Koléa (Cour de Blida) feuilleter leur dossier en reposant la question sur la nature de leur relation : «On est copain normal», répond le jeune qui continue son histoire qui a eu lieu durant le ramadan 1421 sur la plage non loin de Zéralda (Alger), vers les quinze heures. Se promenant en attendant un certain Farouk avec qui il avait rendez-vous, lorsque Saïd, le prévenu de 1,82 m avec des ongles de plus de deux centimètres faisant probablement office d'arme blanche, les a surpris en arrachant les cinq colliers portés par Athmane au cou. Le juge est perplexe. Il passera trois bonnes minutes à faire de l'humour : «Mais mon fils, c'est de la provocation, cinq colliers et une boucle d'oreille ?» «C'est la mode à l'envers. Une femme n'aurait pas eu l'audace de sortir avec autant de bijoux. A propos, vous travaillez ? Vous gagnez bien votre vie ?», dit le président. Athmane répond qu'il est serveur de bar à El-Djamila. Le juge passe à la vitesse supérieure : «ça doit être des pourboires en or ?» Le prévenu est out. Il n'arrive pas à se défendre tant les faits sont évidents. Il évitera même de parler de son copain qui a pris la fuite. Sa grande taille le trahit un peu, puisqu'il veut se faire tout petit en écoutant ce qu'il a fait, il y a quatre mois de cela. Nacéra confirme, à son tour, la version. Elle ne parle pas. Elle murmure surtout qu'elle se trouvait à quelques pas de son bourreau-détenu. Athmane est incapable d'évaluer le montant des bijoux volés et qu'il ne reverra plus jamais car refilés à un receleur heureux de l'aubaine. Le juge ne veut pas l'aider. Il donne un chiffre que personne n?entend. Le procureur requiert quinze mois ferme outre cinq mille dinars d'amende. Le dernier mot de Saïd est que les deux victimes ne disent pas la vérité. Le juge va le faire taire par un verdict sévère : un an de prison ferme agrémenté d'un bonne chance pour l'appel et Saïd n'a devant lui que dix jours, foi de juge...