Pour le FMI, les cours du pétrole, qui ont perdu plus de 70% de leur valeur, devraient «rester durablement bas» jusqu'à 2019 ! L'Algérie, dont le gouvernement ressort toujours son argument commode et en vogue consistant à «contextualiser» la baisse des prix, a du mouron à se faire. Sale temps pour l'économie algérienne. Une économie mono-exportatrice depuis plusieurs décennies voit, au fil des jours, ses revenus pétroliers se raréfier. Et il ne s'agit plus d'une baisse conjoncturelle (comme ce fut le cas en 2008) des prix de l'or noir avec son lot d'impacts sur la balance commerciale. Car, actuellement la baisse des prix du baril s'est, hélas, inscrite dans la durée. Les propos tenus vendredi par la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) indiquent, on ne peut plus clair, que les perspectives sont plutôt sombres. «Le défi est d'autant plus redoutable qu'à la différence des cycles précédents, les prix devraient cette fois-ci rester durablement bas», a précisé Christiane Lagarde à Yaoundé (Cameroun) lors d'une rencontre avec les ministres des Finances de la communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac). Selon la patronne du FMI, «les marchés à terme ne laissent entrevoir qu'un léger redressement des cours à environ 60 dollars le baril en 2019». Les cours de brut resteront pénalisés par plusieurs facteurs qui contribuent à une surabondance de l'offre, a expliqué Mme Lagarde, citant l'avènement du pétrole de schiste, l'évolution du comportement stratégique de l'Opep et l'augmentation des exportations iraniennes. L'autre facteur pouvant contribuer au maintien de cette situation baissière des cours vient de la Chine qui a, aux dires de Mme Lagarde, entrepris un rééquilibrage historique de son modèle de croissance, en devenant «le théâtre d'une deuxième transition» qui s'est traduit par une baisse de la demande des matières premières dont le pétrole. Quid de l'Algérie ? Le constat alarmant du FMI rappelle les sonnettes d'alarme tirées par les experts de tout bord. Et les chiffres publiés par des organismes officiels donnent froid dans le dos : baisse du volume des réserves de change (elles ont baissé à 152,7 milliards de dollars à fin septembre 2015 contre 159,03 milliards de dollars à fin juin 2015, soit une baisse de 6,33 milliards de dollars). Entre septembre 2014 et septembre 2015, la contraction des réserves de change a été de 32,57 milliards de dollars, selon les récents chiffres du gouverneur de la Banque d'Algérie. Le déficit de la balance des paiements s'est établi à 20,8 milliards de dollars (mds usd) au cours des neuf premiers mois 2015 contre un déficit de 3,02 mds usd durant la même période de 2014. Mohamed Laksaci a même fait savoir, dans son rapport présenté la semaine passée, que «l'impact du choc externe sur les finances publiques, fortement tributaires de la fiscalité pétrolière, se reflète dans le creusement du déficit budgétaire et l'érosion des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR)», un fonds qui a fonctionné, aux yeux des spécialistes, comme un «bas de laine». Pour ces derniers, les mesures prises dans la loi de finances 2016 sont insuffisantes pour supporter le choc de cette crise qui s'installe dans la durée. Et face à la brutalité de ce choc externe qui ne sera certainement amorti ni par une diminution significative des importations ni par une diminution des dépenses budgétaires, l'économie algérienne a urgemment besoin d'une vraie politique volontariste qui fasse des entreprises, privées et publiques, le moteur d'une croissance forte et durable, seule en mesure de créer massivement de la richesse et des emplois et de répondre aux immenses besoins sociaux de la population algérienne. En un mot, il faut des réformes structurelles, d'autant que le modèle actuel, basé sur les dépenses publiques qui sont tirées par les recettes pétrolières est «dépassé» et n'est plus viable.