Omar K., vingt-sept ans est poursuivi pour deux délits : vol à l'arraché et coups et blessures volontaires sur un vieillard qui venait de quitter l'hôpital où il a effectué un bilan sur son état de santé. Ami Mustapha, 82 ans, avait mal fait de libérer son petit-fils, préférant prendre le bus qu'il pouvait atteindre non loin de l'hôpital. Mal lui en prit, car à une trentaine de mètres de la station de bus, un délinquant avait sauté sur la pochette que portait le vieux sur lui à l'extérieur de sa djellabah. Omar K., un voyou notoire d'ailleurs vite neutralisé par les jeunes de la DGSN, en tournée de routine, dira au président de la section pénale qu'il avait été «ensorcelé» par la ... qualité de la pochette de fabrication berbère... «Et vous saviez donc que cette pochette était disponible sur le marché? Donc, ce n'était pas tant la pochette qui vous avait fait tourner vos esprits. C'est qu'il y avait autre chose : vous croyiez une seconde à l'argent qui s'y trouvait. Malheureusement, il n'y avait que le carnet de santé, la carte Echiffa de la Cnas et des ordonnances !», s'était exclamé le juge malheureux comme tout devant l'absence de la victime. «Le tribunal aurait aimé voir votre tête devant ce valeureux vieillard qui s'était accroché à son bien, malgré les coups portés au visage. Vous ne craignez donc pas Allah, vous n'avez pas honte ?», s'est «rebellé» le juge qui a ordonné au détenu de mieux se tenir. «A votre place, je baisserai la tête de honte. Et puis, vous n'aviez pas pensé une seconde aux proches de la victime qui auraient pu être dans les parages?», ajoute le magistrat qui prendra acte des demandes du procureur lequel tout en trouvant les faits graves, avait réclamé cinq ans de prison ferme même si le délinquant n'avait pas manifesté un seul regret depuis le début de l'audience. En guise de dernier mot, Omar K. allait s'enfoncer en protestant autour de la raclée reçue sur les lieux : «Les policiers m'ont massacré et vous ne leur dites rien». Vous avez des témoins ?, dit à la surprise générale, le juge qui attendra longtemps les signes du moindre remord du détenu qui allait écoper d'une peine de prison ferme de cinq ans. «Vous avez huit jours pour interjeter appel», conclut le magistrat, la conscience tranquille.