Violence dans les cités, aux portes des établissements scolaires et dans les enceintes universitaires, trafic accru des psychotropes et drogues en tous genres, agressions à main armée, vols à la tire, atteintes aux biens et aux mœurs, crimes de sang, etc...Malgré le renforcement des sûretés urbaines et la mise en place de brigades d'intervention rapides au niveau des points sensibles à l'instar des gares routières, des stations de bus et du centre ville, Constantine a connu en cette année 2004 une nette recrudescence de la délinquance et de la criminalité sous toutes leurs formes. Un état de fait qui se répercute sur les habitudes et les comportements du citoyen qui a tendance, dans un réflexe d'autodéfense, à se replier de plus en plus sur lui même, préférant la sécurité du cocon familial ou les rencontres intramuros entre copains de quartier aux sorties nocturnes pénalisées par l'insécurité ambiante. Concernant la gent féminine, la marge de manœuvre est encore plus étriquée. Elle se sent de moins en moins en sécurité, même en plein jour et au beau milieu de la foule où elle est régulièrement victime de voleurs à la sauvette ou, pire encore, d'agressions physiques. Le tout dans une indifférence quasi générale, les témoins de vols ou d'agressions préférant s'éclipser plutôt que de risquer un mauvais coup en se portant au secours de la dame ou de la jeune fille en situation de danger. Loin d'être une simple vue de l'esprit c'est un fléau, hélas, bien réel auquel sont confrontés au quotidien les habitants du vieux rocher . Une amère réalité confortée régulièrement par les bilans hebdomadaires diffusés par la cellule de communication de la sûreté de wilaya. Dans cette optique, le mois du Ramadhan n'a nullement dérogé à la règle. A titre indicatif, la troisième semaine de ce mois sacré a été sanctionnée par l'arrestation et la présentation au parquet de 42 personnes inculpées pour agressions à main armée, vols à l'arraché, vols de voitures, détention d'armes prohibées, coups et blessures volontaires, trafic de stupéfiants. Par ailleurs, la célébration de la fête de l'aide El fitr n'a pas été épargnée par la vague de violence qui stigmatise l'année 2004. Elle a été marquée par 21 délits de droit commun, dont une agression sauvage envers une dame de 38 ans et de son enfant âgé à peine de 2 ans, l'intrusion d'un jeune délinquant multi récidiviste de 17 ans qui a semé la panique dans un CEM des hauteurs de la ville en menaçants élèves et enseignants d'un couteau à cran d'arrêt et d'une bombe lacrymogène ou encore cette agression à l'arme blanche perpétrée en plein centre ville sur la personne d'un policier gravement atteint au dos.En outre, le bilan 2003 affiché par la sûreté de Wilaya avait déjà mis en exergue augmentation de la délinquance et ce comparativement à l'année 2002. Il est étayé notamment par une hausse de 16% concernant les agressions et autres atteintes aux personnes, de 46% par rapport aux délits portant atteintes aux biens et de 41% sur les vols de véhicules.Par ailleurs, lors de sa troisième session tenue au mois de novembre écoulé, le tribunal criminel de Constantine avait traité pas moins de 71 affaires dont neuf meurtres avec préméditation et six tentatives de meurtre. Pour sa part, dans son bilan du troisième trimestre 2004, le commandement de la gendarmerie nationale avait mis en relief une augmentation de 67,03 % et 23,41% concernant les crimes commis respectivement sur les personnes et les biens. A partir de ces constats et bilans et d'une réalité qui s'impose à l'esprit de tout un chacun, force est de constater que ce phénomène prend, au fil des ans, des proportions inquiétantes sur lesquelles s'accordent sans équivoque les services de la sûreté et ceux de la gendarmerie nationale. Tout comme leur analyse sur le phénomène de la délinquance juvénile mettant en cause de plus en plus d'ados de moins de 17 ans. Témoin en est le nombre important d'affaires traitées chaque semaine par le tribunal des mineurs de Constantine. A titre d'exemple, il a examiné dans l'une de ses audiences du mois de novembre écoulé 140 affaires dont 60 étaient en délibéré. Un chiffre qui démontre à lui seul que ce phénomène est à prendre très au sérieux. Du point de vue des éducateurs en milieu ouvert, ce qui fait cruellement défaut à cette catégorie de jeunes, c'est d'abord une écoute attentive spécialisée et bienveillante, des espaces d'expression culturelle, sportive et de loisirs. C'est ensuite une prise en charge de leurs problèmes les plus épineux. En un mot, disent-ils, une reconnaissance et des mesures d'accompagnement susceptibles de les préserver des dangers de l'oisiveté, mère de tous les vices , pour reprendre un certain dicton. Malheureusement, sur ce point, on est loin encore très loin du compte. Et au jour d'aujourd'hui, c'est la mal - vie qui persiste et signe en constituant plus que jamais ce creuset idéal où se développe à vitesse grand V une délinquance pervertie par la consommation tous azimuts des psychotropes et des drogues en tout genre qui les poussent le plus souvent aux pires excès.