C'est le désespoir chez les producteurs de tomates de la wilaya de Aïn Defla, particulièrement ceux de la localité de Souk Lethnine où l'on pratique la plasticulture à grande échelle et à El Abadia où la mineuse de tomate a carrément obligé les fellahs à arracher leurs plants. «Il n'y a plus à espérer» dit M. Ouazene Abdelaziz en signalant que cet insecte a trouvé, dans les forêts avoisinantes, une plante lui offrant les conditions favorables à sa reproduction. En effet, Amar Chorfa, un spécialiste maraîcher qui consulte Internet pour ses cultures, se dit vaincu après avoir essayé tous les produits phytosanitaires de lutte contre la «Tutta Absoluta». Il vient d'arracher les plants de 13 serres. «J'ai traité selon le mode d'emploi de ces produits qui sont inefficaces» signale notre interlocuteur qui a indiqué que la mineuse de tomate, originaire d'Amérique du Sud, est apparue en 2006 en Espagne et au Maroc. Elle est arrivée à la fin de l'année 2008 à Mostaganem et enfin au début de l'année 2009 dans les wilayas de Chlef et Aïn Defla. Ce diptère est beaucoup plus nocif quand il est à l'état larvaire. «La mineuse de tomate, un insecte de moins d'un centimètre à l'état adulte, dépose 40 à 200 œufs sur la feuille de la tomate. Une fois éclos, ces œufs donnent naissance à des larves qui pénètrent entre les deux membranes pour se nourrir de la chlorophylle», dit ce spécialiste en nous montrant les dégâts occasionnés aussi bien sur le feuillage que sur le fruit. Cet agriculteur signale également les attaques de cet insecte sur les cultures des tomates en plein champ. «Cette parcelle de tomate industrielle est complètement infectée» constate-t-il. M. Chorfa déplore l'absence des services techniques et phytosanitaires qui ne se sont pas manifestés malgré les alertes données par les fellahs. «Tue-chien ou raisin de loup» A Souk Lethnine où, rappelons-le, 12 000 serres produisent quelque 340 000 quintaux de tomates par an, les fellahs ont commencé à arracher les plants et la tomate qui a échappé à la contamination se vend au prix de gros à 55 DA le kg. «L'offre est très faible puisque le fruit a pourri» affirme Hadj Benchaâ. Les fellahs de Souk Lethnine nous conduiront dans la forêt surplombant leur agglomération où la mineuse de tomate a trouvé un lieu propice pour son développement et sa reproduction dans la Morelle noire, appelée également tue-chien ou raisin de loup. Sur place, on constatera que les feuilles sont infectées de larves. Le directeur de la station régionale de l'Inpv (Institut national de protection des végétaux) souligne à cet effet que les fellahs n'ont pas respecté les mesures prophylactiques et n'ont pas installé les moustiquaires selon ses recommandations. «Nous avons remarqué que les plants infectés n'ont pas été détruits et les serres sont ouvertes en cette période de chaleur ce qui permet à ce papillon d'investir les autres chambres démunies de pièges à ferronnement. Nous avons installé gratuitement, dans le cadre de la prévention, 250 pièges dans les exploitations privées à Aïn Defla et conseillé aux fellahs d'acheter ces pièges et de les installer dans leurs serres.» Quant aux produits phytosanitaires utilisés, ce responsable soulignera qu'il existe des produits qui détruisent les œufs, d'autres qui s'attaquent aux larves, et enfin ceux qui tuent les adultes, seulement les fellahs traitent avec le même produit. En attendant qu'une campagne d'envergure soit menée par les services concernés, en collaboration avec les producteurs, la tomate se raréfie.