Souk Lethnine, localité de la commune de Tacheta Zougagha, sise entre deux montagnes, à califourchon sur l'oued Hamlil dont la rive nord relève administrativement de la wilaya de Chlef et la rive sud dépend de la wilaya de Aïn Defla, s'est spécialisée dans la plasticulture en produisant la tomate en primeur, des concombres, des poivrons et des haricots verts. Plus 6000 serres sont érigées le long de cet oued pourtant à faible débit. D'après les statistiques de la direction des services agricoles de la wilaya, Souk Lethnine produit quelque 360 000 quintaux tomate par saison dans la wilaya de Aïn Defla et autant dans la wilaya de Chlef. Elle approvisionne l'ensemble du territoire national de ce fruit durant les mois de mars, avril et mai à des prix raisonnables, atteignant en période de pointe les 5 DA le kilogramme. «Cette année, c'est l'exception», nous confie Abdelaziz Ouazene, producteur de tomate rencontré lundi au marché hebdomadaire de cette bourgade où les prix de la tomate varient entre 45 et 62 DA le kg. Il nous indique que plusieurs facteurs ont contribué à retarder la production, en particulier le froid qui a sévi dans la région pendant 65 jours, le manque d'engrais, la cherté des produits phytosanitaires, les maladies cryptogamiques et les vents violents qui ont occasionné d'importants dégâts aux serres. Cet agriculteur signale également le déficit en main-d'œuvre, notamment pour la cueillette. «L'ouvrier agricole ne travaille qu'une demi-journée à 400 DA pour récolter et emballer une vingtaine de caisses, soit 600 kg», explique-t-il en avouant que les jeunes de la région, forts de leur expérience, travaillent à leur compte en louant des terres à Mostaganem où ils produisent la tomate Saint Michel qui ne sera sur le marché qu'à partir du mois de juin. Faute de soleil Un autre fellah souligne qu'une serre revient à 20 millions de centimes et produit entre 80 et 120 quintaux par saison. Interrogé sur les prix pratiqués par les détaillants au niveau de l'Algérois et même à El Abadia qui n'est distante que de 30 kilomètres de ce marché, notre interlocuteur, entouré d'autres fellahs, répond que «ce sont les acheteurs, les grossistes en quelque sorte qui fixent les prix suivant la disponibilité et la variété du produit». En effet, la variété Agora s'est arrachée à 62 DA le kg, la Damoussia à 58 DA, la Carmelo à 55 DA tandis que la Tafna l'a été à 45 DA. «La variété la plus chère se maintient au moins trois jours sur les étals alors que la Tafna perd son eau après deux jours seulement», fera remarquer un autre fellah. Les grossistes qui viennent ici des quatre coins du pays n'ont d'autre alternative que de faire grimper les prix pour compléter leurs chargements. «Je suis ici depuis hier matin (dimanche Ndlr) et je dois charger mes 10 tonnes», nous dit un commerçant de Sidi Bel Abbès. Un autre mandataire de Djelfa où, selon ses dires, la tomate a atteint la barre des 120 DA le kg, ramasse du tout-venant. «L'essentiel est d'être ce soir à Djelfa», avoue-t-il. «Faute de soleil, la tomate n'a pas mûri, ce qui justifie une faible quantité proposée sur le marché», explique un mandataire de Chlef, affirmant que plusieurs véhicules provenant de Blida, de Relizane, de Sétif et de Boumerdès rentreront à vide. On remarquera qu'au marché de gros de Souk Lethnine, l'oignon ne vaut que 15 DA, les petits pois 35 DA, les fèves 20 DA et la courgette 50 DA. Et dire que le prix de la tomate chutera jusqu'à 15 DA dans les tout prochains jours !