Après les orientations de Noureddine Bedoui aux walis, le développement local, la création de la richesse et de l'emploi ainsi que le financement des dépenses sont désormais au centre des priorités des commis de l'Etat. Menacés de se voir virer au prochain mouvement qui semble imminent, les walis se trouvent entre le marteau et l'enclume. A en croire les propos du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales «chaque wilaya et chaque commune dispose de potentialités de développement importantes qui n'attendent que des idées et des initiatives capables de les rentabiliser et de les développer». Or, force et de constater que les idées ne suffisent pas, notamment dans certaines wilayas où les potentialités dont parle le ministre suggèrent de grandes ressources financières. Ne faut-il pas commencer par libérer l'acte d'investir ? Changer les textes de loi régissant la gestion locale ? Donner encore plus de prérogatives aux élus… ou décentraliser la décision ? Ce sont, au fait, autant de questions qui se posent depuis des années et qui, paradoxalement, constituent de véritables obstacles aux orientations et directives du ministre de l'Intérieur. Plus que ça, il serait naïf de la part des autorités de mettre sur un pied d'égalité une wilaya comme Alger, Oran ou Constantine et une autre telle que Naâma ou Tébessa. N'est-ce pas l'ancien ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, qui déclarait en mars dernier que «99% de l'ensemble des recettes fiscales de l'Etat provenaient de seulement 12 wilayas» ? Dire que les 36 autres ne contribuent en fin de compte que par 1%. Comment alors sommer les walis aux mêmes exigences ? De plus, outre la concentration des pouvoirs au niveau central lorsqu'il s'agit d'autoriser un grand investissement, les walis et les exécuteurs locaux ont presque les mains liées en matière de financement. L'intervention des banques dans les projets d'utilité publique est insignifiante. Des spécialistes ont d'ailleurs à maintes fois appelé à la révision des lois de façon à permettre aux collectivités d'avoir une autonomie en la matière. Et même lorsqu'il y a facilité, n'est-il pas de la responsabilité des autorités de fixer des objectifs précis par wilaya et selon les besoins de chacune ? En cette période de crise économique, les priorités doivent être décidées en haut lieu. Ce n'est qu'après qu'intervient la coordination avec les responsables locaux afin de mettre en application les décisions qui apportent des solutions à la conjoncture. Les collectivités ne peuvent à elles seules être vectrices d'un développement, à moins de décider à revoir le statut de la wilaya ou adopter une régionalisation comme le demandent certaines parties. Ceci, sans oublier le principe de démocratie participative qui crée un climat favorable en réhabilitant la confiance entre l'Etat et le peuple, en plus du règlement de ce problème d'hégémonie des subordonnés de l'Etat sur les élus du peuple. C'est donc de la faisabilité de la nouvelle orientation des pouvoirs publics, décidés à se désengager d'assurer le fonctionnement des collectivités qu'il est question.