Dans la foulée d'un scandale retentissant lié à l'arrestation de son ex-confidente, des dizaines de milliers de Sud-Coréens réclament la démission de leur présidente. Des dizaines de milliers de Sud-Coréens sont descendus hier dans les rues de Séoul pour l'une des plus grandes manifestations antigouvernementales depuis des décennies, réclamant la démission de la présidente Park Geun-Hye empêtrée dans un retentissant scandale. La police a prévu 170 000 manifestants, mais les organisateurs espéraient rassembler jusqu'à un million de personnes pour cette manifestation, la troisième d'une série de protestations hebdomadaires contre Mme Park qui se bat pour sa survie politique. Park Geun-Hye est accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère de l'ombre, Choi Soon-Sil, qui aurait profité de son ascendant pour contraindre des groupes industriels nationaux, comme Samsung, à verser de larges sommes à des fondations douteuses, sommes qu'elle aurait ensuite utilisées à des fins personnelles. Mais l'opinion publique s'inquiète aussi de savoir si Mme Choi s'est ingérée dans les affaires de l'Etat et a eu accès à des documents confidentiels alors qu'elle n'avait ni fonction officielle ni habilitation de sécurité. Comme lors des manifestations précédentes, la foule était extrêmement hétérogène, des lycéens côtoyant des retraités et de jeunes couples venus avec leurs enfants. «Park Geun-Hye doit démissionner parce qu'elle n'a pas pris soin de notre pays», a affirmé Pak Ye-Na, un collégien âgé de 11 ans. «C'était notre anniversaire de mariage hier, mais nous avons annulé notre voyage d'anniversaire et sommes venus à Séoul parce que nous pensons que c'est plus important pour notre fille», a affirmé Cho Joo-Pyo, venu avec sa femme et leur fille de deux ans de Jeonju, à quelque 200 km au sud de Séoul. «Je suis ici pour demander la démission Park Geun-Hye. Ses excuses n'ont aucun sens. Elle doit partir», a affirmé Cho Ki-Mang, 66 ans. Mme Park a reconnu être responsable du scandale qui implique sa confidente et amie de 40 ans, en ayant été, par amitié, «négligente» et insuffisamment vigilante. Mais elle a démenti les informations selon lesquelles elle aurait participé, sous l'influence de celle que les médias sud-coréens surnomment «Raspoutine», à un culte religieux d'inspiration chamanique. La confidente de Mme Park est la fille d'un mystérieux chef religieux, Choi Tae-Min, devenu son mentor après l'assassinat de sa mère en 1974. Mme Choi a été arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir. La manifestation de samedi est l'une des plus importantes en Corée du Sud depuis les grands rassemblements pro-démocratie de la fin des années 80 et du début des années 90.