Le président du Conseil de l'ordre des médecins, M. Mohamed Bekkat Berkani, a affirmé, hier, que «le fléau de la fuite des médecins vers l'étranger est devenu un drame national, en termes de nombre et de spécialités». Lors de son passage sur le plateau de l'émission l'invité de la rédaction de la Chaîne III, il a estimé que «plus de 13 500 médecins algériens ont quitté le pays pour aller pratiquer leurs spécialités à l'étranger en 2014». Il précise qu'«en France, nos médecins représentent 25 % de médecins étrangers et plusieurs d'autres pays sont aussi des destinations de rêve chez nos médecins, à l'instar des pays du Golfe et du Canada». Le président du Conseil de l'ordre a ajouté que «cette hémorragie a coûté à l'Algérie 40 milliards de dollars entre 1996 et 2006». Les causes essentielles qui encouragent nos médecins à fuir le pays sont, selon lui nombreuses. «Au départ déjà, les médecins fraîchement sortis des facultés, n'arrivent pas à choisir leur lieu de travail», a-t-il dit. Selon lui, le niveau de la formation n'est également pas suffisamment adéquat pour la pratique médicale qui ne cesse de se développer. Il s'explique : «Les spécialitées sont assez anciennes. Les médecins spécialistes formés dans nos facultés et CHU sont considérés comme des généralistes contrairement aux pays développés, où la sur-spécialité domine la médecine». La meilleure façon que les autorités publiques doivent suivre pour garder les médecins dans le pays réside aux yeux de M. Berkani «dans le dialogue direct avec nos jeunes confrères». Ajoutant que «sur le plan économique déjà, c'est une perte énorme. Pour cela, il faudra développer, en contre-partie, les conditions de travail de manière moderne et optimale», a-t-il proposé. Il ajoute que la médecine est en évolution perpétuelle, et pour cela, l'amélioration du programme national est obligatoire. «Cela se fera en offrant à nos médecins l'accès, facile et régulier, aux congrès nationaux et internationaux», précise-t-il. Pour ce qui est du personnel formateur, Berkani estime que «quelques professeurs ne remplissent plus leurs tâches convenablement. Il est temps de rajeunir les chefs de services des CHU. Un certain nombre de décisions et de reformes politiques sont aussi à revoir en ce sens, pour donner le flambeau et responsabiliser nos jeunes confrères». Par ailleurs, le projet de la nouvelle loi sanitaire a été évoqué par M Berkani, qui affirme que «plusieurs aspects ont été approchés dans ce projet, mais cette loi nécessite encore, une deuxième lecture.» Et d'ajouter «qu'il faudrait déterminer les carences dans le fonctionnement du système global de la santé en Algérie, dans la formation, dans les conditions de travail des médecins.» M. Berkani a conclu qu'«une nouvelle cartographie sanitaire doit aussi se réaliser en urgence dans notre pays, notamment pour équilibrer tous les endroits dépourvus de réflexion médicale et en médecins spécialistes surtout».