Les artistes plasticiens Mounia Halimi Fernani, Ahmed Seradouni et Maâmar Tazi ont composé un beau trio pour présenter leurs œuvres diversifiées, originales et empreintes de créativité à la galerie Ezzou'art à Alger. Ce sont trois signatures, trois tendances mais avec un dénominateur commun, celui du patrimoine. Chacun l'apprécie et le valorise à sa manière. Mounia Fernani expose d'anciennes et de nouvelles compositions. L'originalité de cette architecte et artiste autodidacte est de combiner différentes techniques et de travailler divers supports comme le bois, le verre, la tuile et le miroir. C'est une touche à tout qui ne se lasse pas de débusquer de nouvelles techniques qu'elle expérimente avec enthousiasme. D'ailleurs, pour cette exposition, elle nous offre un panel varié de son travail tout en finesse, et en élégance. Elle puise le substrat de son œuvre dans la culture et l'identité. Férue de patrimoine, ses symboles comme la khamssa, le soleil, le miroir, les portes et les signes berbères sont omniprésents dans ses compositions. Le moindre objet est transformé et magnifié sous ses doigts de fée. Habile et créative, elle ne cesse d'innover. Ses peintures font des clins d'œil au patrimoine architectural de la Casbah qu'elle revisite avec ses portes. Tout en relief, ses toiles sont d'une grande authenticité. Ses céramiques sont superbes, originales et réalisées avec subtilité. Elle propose un coffret de bois de couleur verte agrémenté de tons de peinture au vitrail idoine et de cerne ainsi que de symboles, des cadres bien exécutés avec des tuiles et une palette en bois. Ses hirondelles roses en céramique et son cadre bleu où elle utilise la technique du colombin sont remarquables. Ses sas aux teintes vertes et bleues et violet et bleu aux signes berbères et son grand vase en verre ajouré de cerne doré et cuivre donnent un rendu superbe dénotant du talent avéré de cette artiste. Pour Maâmar Tazi, le patrimoine architectural et la calligraphie sont le point nodal de son œuvre. Ses tableaux d'une parfaite maîtrise picturale témoignent de sa longue expérience. Chevronné, il dévoile un travail tout en précision. Maison ottomane, Casbah, fontaine publique, west eddar, rien n'est laissé au hasard. Il exhume tout ce qui a trait au patrimoine. Dans le figuratif, ce plasticien qui a vécu une vingtaine d'années en Syrie apprécie particulièrement les richesses de notre culture et en fait son cheval de bataille. Ses belles œuvres rappellent un mode de vie et revisite des habitations anciennes. Dans la calligraphie, ses compositions sont magnifiques et pleines de créativité. On sent beaucoup de recherches dans ce registre. Dans ses tableaux, la lettre est subtilement imbriquée formant de jolis lacis qui s'entremêlent judicieusement pour donner des formes agréables au regard. A ce sujet, l'artiste précise que bon nombre de ses toiles sont exposées à l'aéroport de Damas, au Sheraton de Doha et chez l'émir de Quatar. Cet élève de l'Ecole des Beaux-Arts d'Oran exalte le patrimoine, thème de sa prédilection. Cet artiste ne s'arrête pas à ces deux styles, il fait également de l'abstrait. Il a exposé dans de nombreux pays arabes. Pour Ahmed Seradouni, les paysages et sites n'ont plus de secret pour lui. Avec sa palette, son bâton de pèlerin, il sillonne l'Algérie sous toutes les latitudes. Couleurs et nature Il débusque l'Algérie profonde avec ses beautés et ses richesses incommensurables. Du Sud, ses panoramas du désert et avec leurs us et coutumes sont remarquables comme ses toiles intitulées Tissemsilt, Thé national, Méharée et Djanet. Ce sont des étendues rocailleuses ocres avec des chameaux qui invitent à une belle virée dans le Sud. De cette contrée, il nous amène à découvrir la Kabylie avec ses imposantes montagnes, pics rocheux et ses villages perchés et suspendus. La campagne est florissante et les couleurs de sa peinture à l'huile sont d'une grande authenticité. Floraison à l'Azaghar, Sidi Oughris témoignent de cette abondance de la nature. Après le désert et la campagne, la mer s'offre à nous avec de belles plages et calanques. Les compositions aux titres inhérents à la mer notamment Crique de pêcheurs et Symbiose en mer rappellent l'excellente maîtrise de la couleur de Seradouni. La palette de ce plasticien est vive et radieuse. Ses tons explosent et donnent au tableau toute sa vigueur. Il est à indiquer que sa conversion pour la peinture à l'huile au lieu de la gouache n'est que bénéfique. Cette intéressante exposition, qui s'étale du 03 au 23 juin courant, met en évidence trois artistes aux travaux divers mais qui se rapprochent par la même thématique.