Les superbes tableaux de l'artiste Ahmed Seradouni sont une invite à un voyage à travers les multiples contrées du pays. Cette longue virée d'est en ouest, du nord au sud témoigne de la variété et de la diversité des paysages et rappelle la richesse de notre patrimoine culturel. Cette exposition, intitulée «paysages d'Algérie de l'Atlas à l'Ahaggar» est une magnifique vue plurielle et synoptique de toutes les contrées du pays. Ces innombrables tableaux sur les cimaises de la galerie Aïcha-Haddad renvoient à des paysages champêtres, bucoliques qui inspirent la quiétude, le bien -être, et la douceur de vivre. Peintre paysagiste, à souhait, Ahmed Seradouni apprécie intensément Dame Nature à qui, il voue un culte. Par ses nombreuses compositions gaies et joyeuses, il lui rend un vibrant hommage. Villages, prairies, prés, vallées, champs de blé, pics montagneux, rochers, ruisseaux, rien n'est laissé au hasard ni à l'œil aguerri et observateur du plasticien. Il sublime la nature comme tous les paysagistes. Les gorges d'El Kentara, l'Ahaggar, Djanet, Azzefoun, Tichy et d'autres cités sont passées en revue. Art et habileté Lorsque l'on voit ces toiles, on s'y projette aisément et l'on a l'impression d'entendre couler les cours d'eau et chanter et brûler les grillons sous le soleil ardent et lumineux. Comme tous les paysagistes, Seradouni a su avec art et habileté rendre perceptible le moindre mouvement de cette belle nature tendre et généreuse. «Après mes excursions, j'invite la nature à passer quelques jours chez moi. C'est alors que commence ma folie. Le pinceau à la main, je cherche des noisettes dans les bois de mon atelier. J'y entends chanter les oiseaux et les arbres frissonner dans le vent. J'y vois couler ruisseaux et rivières chargés de mille reflets du ciel et de la terre. Le soleil se couche et se lève chez moi». Cette belle citation de Camille Corot prend tout son sens et explicite cet art du paysage. Ahmed Seradouni débusque des sites et des panoramas pastoraux qu'il photographie puis ébauche quelques esquisses afin de parachever par sa peinture. «Tous mes paysages sont photographiés afin de me rappeler des moindres détails», dit-il. A ce sujet, ses œuvres regorgent de détails et pullulent de scènes du quotidien rural comme le tableau intitulé «la Fauchaison». D'ailleurs, ses toiles foisonnent de détails minuscules et luxuriants que l'on a tendance à comparer certaines de ses compositions à des esquisses japonaises ou à des miniatures iraniennes. A cet effet, l'artiste estime «qu'il y a effectivement une ressemblance mais ce n'était pas voulue», précise-t-il. Aimant son pays, il a tenu à monter ces merveilleux sites de toutes les régions d'Algérie sans parti- pris. De l'ensemble de son œuvre émane beaucoup d'émotions et l'on se sent apaisé lorsque l'on regarde ses paysages paisibles et sereins. L'artiste traduit des impressions agréables et des sentiments de quiétude à travers sa peinture sereine et apaisante. Avec une palette vive, ardente et lumineuse, ses couleurs sont sublimes et rayonnantes. Les dégradés de verts de ses prés verdoyants, ses ciels éthérés et ses pics rocheux aux tons sombres plaident pour un plasticien qui sait combiner harmonieusement les teintes. Avec la gouache, il donne un rendu étincelant tant la couleur est adéquate et le détail subtil et élégant. Par la force de la couleur, l'œuvre comporte une intensité et une vigueur. Pour Ahmed, sa prochaine expérience se fera avec la peinture à l'huile. «J'apprécie beaucoup la couleur et le détail», précise-t-il. Escapade Notons que sa passion pour la peinture a toujours été remisée au placard en raison de son travail de directeur du centre documentaire et d'information et d'enseignant. Avec une licence en bibliothéconomie, et un PGS en marketing et en commerce international et un autre en management, Ahmed Seradouni avait fort à faire. Dès sa mise en retraite en 2010, il met sa besace en bandoulière et part en escapade dans le pays profond avec ses pinceaux et sa gouache. D'où cette superbe exposition par laquelle il rend un hymne à la nature qui reste sa grande muse. Cette exposition qui se tient jusqu'au 18 février est à voir expressément. Plaisir et quiétude assurés.