De multiples coupures d'électricité ont été enregistrées en ce mois de juillet. Et ce n'est pas la faute de Sonelgaz, selon son PDG, Noureddine Bouterfa. «Nous n'avons pas de programmes de délestage», a-t-il insisté hier sur les ondes de la Chaîne III. Pour illustrer la hausse de la consommation, il a relevé que les ménages algériens consommaient en moyenne, par foyer, 570 KW en 1962 et sont passés à 2600 KW en 2009, soit 4 à 5 fois de plus entre les deux périodes comparées. Ceci dénote de la modernité qu'a connue la société algérienne qui a enregistré une amélioration en termes de conditions de vie. Depuis quelques années, le recours à la climatisation est en nette croissance, ce qui n'est pas sans incidences sur les réseaux de distribution de l'énergie électrique. Le responsable a relevé le «changement structurel» de la consommation électrique de l'Algérie. Pour la première fois depuis l'indépendance, la consommation d'été pour les pointes matin (14h) et soir (21h30-22 h) dépasse la consommation de «la pointe soir de l'hiver». Si la pointe de l'hiver 2008 était de 6925 MW, «nous avons atteint 7100 MW pour la pointe matin et 7280 pour la pointe soir il y a juste deux jours (27 juillet)». Ne s'attendant pas à cette hausse vertigineuse de la courbe de consommation, Sonelgaz «n'avait même pas envisagé les scénarios de prévision de consommation», reconnaît le responsable. Au lieu de 8 % de croissance, la consommation a enregistré une hausse de 15 %. Mais la demande a été satisfaite, se réjouit M. Bouterfa qui a tenu à saluer les travailleurs de son entreprise qui vient de fêter son 40e anniversaire. M. Bouterfa a tenu à relever que la demande est satisfaite. «Il faut reposer le problème de la distribution électrique», a-t-il remarqué, réfutant d'avoir programmé des délestages sauf en cas d'incidents majeurs ou imprévus. Plus précis, il cite le cas de la journée du 15 juillet lorsque Sonelgaz a enregistré le déclenchement d'une centrale de 1200 MW entraînant au total un déficit de 1500 MW en pleine pointe du matin, soit à 14 heures. Le problème de coupures n'est pas national mais touche des quartiers précis. En termes de distribution, les quartiers sont isolés les uns des autres, a-t-il tenu à expliquer. Des défauts de câbles souterrains A Alger, il existe une série de problèmes qualifiés «d'incroyables» par le PDG, qui a relevé qu'il y a des défauts de câbles souterrains. Selon lui, pour les détecter et les réparer, il faut sept heures de travail pour un câble de moyenne tension qui alimente entre 500 et 1000 foyers. Aux yeux du responsable, ceci est «insignifiant et ne peut être considéré comme un délestage» ni un prétexte pour accuser Sonelgaz de mauvaise gestion. Les incidents successifs enregistrés dans la capitale étaient prévisibles à cause de l'absence de postes de répartition. Dans la commune de Birkhadem, par exemple, l'entreprise peine depuis cinq ans pour réaliser un centre à cause de la difficulté de dégager des assiettes foncières dans la capitale. «La Sonelgaz n'a pas les moyens d'accéder au foncier», reconnaît le PDG, qui impute le dégagement des terrains aux autorités locales. Certes, le wali d'Alger a donné toutes les orientations pour libérer au moins de petites assiettes au niveau des écoles au profit de Sonelgaz mais «ça ne se concrétise pas». Même pour libérer un terrain de 20 m2, l'entreprise fait face à de lourdes pratiques bureaucratiques. Ce sont les côtes ouest et est qui sont pénalisées par ce problème, a-t-il dit, ajoutant que les collectivités locales doivent également faciliter le passage des câbles pour alimenter leurs postes. Si les collectivités locales ne s'impliquent pas pour régler les problèmes de la qualité de service et les réseaux de distribution, les efforts de l'entreprise pour améliorer la production demeureront sans effet. Noureddine Bouterfa relève, par ailleurs, «un phénomène bien particulier à l'Algérie qui concerne les nombreux défauts constatés sur les câbles souterrains», dépassant ceux enregistrés sur les câbles aériens. Ceci est dû essentiellement à l'agression, a-t-il dénoncé. Des investissements à moyen terme De nouveaux investissements à moyen terme seront réalisés par l'entreprise, notamment deux nouvelles centrales électriques d'une puissance de 400 MW d'ici 2014. «Il s'agit d'un programme qui ira au-delà de 2014.» Les centrales de M'sila et de Batna sera réceptionnées le mois prochain. Contrairement aux problèmes de production et de transport maîtrisables, la distribution représente encore une contrainte pour l'entreprise qui ne connaît pas de difficultés de financement. La Sonelgaz n'a pas encore tranché à propos du montant consacré à l'autofinancement. Maintenir les 30 milliards de dinars arrêtés ou les porter à 60 milliards DA. Sans recourir à une hausse des prix, l'entreprise trouvera des solutions, a assuré le responsable, qui a annoncé que Sonelgaz exportera 400 MW d'électricité à partir du 3e trimestre 2009. Au sujet des créances détenues par l'entreprise sur ses clients, il a précisé qu'elles sont de l'ordre de 10 015 milliards DA. L'entreprise, reconnaît M. Bouterfa, est «déficitaire», en raison du déséquilibre entre les montants consacrés à l'investissement et le chiffre d'affaires réalisé. Sonelgaz investit 207 milliards DA contre 125 milliards DA en termes de chiffres d'affaires.