Le P-DG de l'entreprise nationale d'électricité et du gaz (Sonelgaz), M. Noureddine Bouterfa, soutient mordicus que les récentes coupures de courant, dont ont fait l'objet plusieurs quartiers dans de nombreuses wilayas, ne sont pas dues à des délestages ou à une mauvaise gestion et de programmation. Le responsable avance comme argumentaire de multiples raisons. Il cite le défaut de câbles souterrains. Pour détecter et réparer celui-ci, il faut au minimum aux agents 7 heures. “Il n'y a pas de solution de reprise. Ainsi, pendant tout ce temps, les foyers alimentés à partir de ce câble seront inévitablement mis hors service”, explique M. Bouterfa. Cela peut prendre 7 à 10 heures et touchera au minimum 500 foyers. Selon lui, un câble de moyenne tension touche entre 500 et 1 000 foyers. Ce qui est, indique-t-il, loin d'égaler les 500 000 foyers de la capitale. Le P-DG de Sonelgaz pose de ce fait un problème de distribution. Dans certaines communes à l'image de Birkhadem, où les coupures sont fréquentes, l'entreprise n'arrive toujours pas à construire un poste de répartition, et ce, depuis cinq années. La cause, argue-t-il, concerne l'impossibilité d'accès au foncier pour édifier ce genre d'ouvrage. Pour Alger, le patron de Sonelgaz relève la bonne volonté du wali qui a donné instruction pour dégager des espaces au sein des cours des écoles afin de réaliser ces postes. “Mais sur le terrain, cela ne se concrétise pas, car il y a une bureaucratie derrière”, déplore-t-il. Autrement dit, les collectivités locales doivent, souligne M. Bouterfa, s'impliquer davantage pour une meilleure qualité de service. Pis, “nous sommes l'un des rares pays dont le nombre de défauts sur câbles enterrés est supérieur à celui des lignes aériennes”, constate-t-il encore en renvoyant ces méfaits aux diverses agressions subies par ces câbles. Plus explicite, M. Bouterfa ajoute : “Les travaux effectués sur chantier abîment régulièrement les câbles sans que cela ne soit signalé à la Sonelgaz. En période de surcharge, ces points faibles lâchent systématiquement.” L'autre facteur mis en relief par le P-DG a trait au changement dans le mode de consommation d'électricité en Algérie. Le taux s'est multiplié par quatre depuis l'Indépendance à ce jour. De nos jours, les familles se dotent de climatiseurs, augmentant ainsi le taux de consommation. Ce qui n'a pas été sans conséquences sur les réseaux de distribution. À ce propos, la pointe était de 6 925 mégawatts (MW) en hiver en 2008. Et il y a trois jours, il a été enregistré une pointe de 7 100 MW la journée et 7 280 MW le soir. “Ce sont des chiffres que nous n'avons même pas envisagés dans les scénarios de prévisions de consommation”, confie Noureddine Bouterfa à la radio Chaîne III. En termes plus clairs, Sonelgaz s'attendait à un taux de croissance de consommation à 8%, mais elle en est à plus de 15%, soit le double de ce qui a été prévu. L'analyse de tous ces chiffres fait ressortir que la production, évaluée à près de 7 300 MW, est satisfaisante. Ce qui dénote les investissements consentis dans ce sens, précise M. Bouterfa. De ce total, l'unité de Hadjret Ennous a contribué à raison de 1 100 MW. À ce propos, M. Bouterfa rassure que le système a été sécurisé et Sonelgaz a pris toutes les dispositions pour s'adapter au nouveau mode de consommation des Algériens. Par ailleurs, le P-DG de Sonelgaz rappelle des incidents de fonctionnement à l'image de ce qui s'est passé le 25 juillet dernier lors d'un déclenchement d'un groupe. “Cela s'est passé instantanément. Une centrale de 1 200 mégawatts a déclenché ce qui a provoqué son effacement pendant 24 heures, avant qu'elle ne soit remise en service. Il faut dire que nous n'avons pas de parade à ce genre d'incident”, tient-il à clarifier. Interrogé sur les projets d'investissement, il confirme leur maintien car la Sonelgaz ne souffre pas d'un problème réel de financement : “Toutefois, allons-nous rester à court ou à moyen terme sur un autofinancement de 30 milliards de dinars ou le porterons-nous à 60 milliards de dinars, engendrant en principe une augmentation des tarifs ? Mais le gouvernement a ses raisons et nous les respectons. Une chose est sûre, des solutions seront trouvées”, nuance-t-il. Sonelgaz va en outre exporter de l'électricité pour améliorer la sécurité, la fiabilité, la qualité de son réseau et enfin sa situation financière. Il est projeté la mise sur le marché étranger de 400 MW à partir du troisième trimestre 2009 pour parer à tout déclenchement de groupes. Le P-DG souhaite également voir les créances exigibles de son entreprise, qui ont atteint 37 milliards de dinars, réglées. Néanmoins, plus de la moitié de ces créances est due au fait que les factures des citoyens sont payées tous les 90 jours. “Ainsi, nous avons au moins trois mois de créances pour lesquels on ne peut rien faire. À vrai dire, nous devons recouvrer 10 à 15 milliards de dinars”, dit-il. B.k