Au moment où, hier matin, les commentaires des médias tournaient encore autour de l´audacieuse arrivée, lundi soir, de plus de 200 immigrés clandestins algériens dans le littoral entre Cartagena et Valence, «tous des adultes et en bonne santé», selon les services de la Croix-Rouge espagnole, une nouvelle dépêche de Efe annonçait, en début d´après-midi, l´arrivée d´une nouvelle barque. A bord, 13 personnes, dont 3 mineurs. Des Algériens ? La police nationale espagnole a parlé d´une «véritable avalanche» que seul le beau temps en Méditerranée semble expliquer. Il est rare qu´un nombre si important de candidats à l´immigration clandestine soit enregistré en une seule journée, dans cette région distante de 140 km des côtes algériennes, sinon davantage par endroits. L´enquête menée par la police n´avait pas encore déterminé avec certitude la nationalité des nouveaux arrivants. Jusque-là rien que des indices qui permettent de penser qu´il s´agit d´Algériens. Les soupçons partent tout simplement du fait que la zone de Alicante-Valence-Cartagena est la destination privilégiée des harraga algériens. Les enquêteurs restent prudents, toutefois, car, selon certaines informations, la présence suspecte au large de la côte espagnole, à ce même moment, d´un navire marchand nordique pourrait contredire toutes les hypothèses sur la région maghrébine de provenance de ces immigrés clandestins. Il n´est donc pas impossible que ce navire ait pu rapprocher ces embarcations du littoral espagnol. Certains arrivants auraient utilisé, d´ailleurs, de simples canots pneumatiques «trop petits pour effectuer la traversée depuis la côte maghrébine», estiment certains enquêteurs.. Le Sive L´interception de cette vingtaine de «pateras» en moins de 24 heures ne pose pas, en revanche, que des soucis pour Madrid. Le ministère espagnol de l´Intérieur exploite la situation pour vendre l´efficacité de son Sive (Système intégral de surveillance électronique) mis en place voilà deux semaines, pour la surveillance de la bande côtière entre Huelva et Alicante. Le renforcement de ce dispositif de surveillance de la côte espagnole en Méditerranée a permis de renforcer les opérations de lutte contre l´immigration illégale, en provenance de Maghreb. De l´Algérie surtout. Au total 43 stations d´observation du système Sive longent, à présent, le littoral espagnol. La première station du Sive avait été installée dans le détroit de Gibraltar, en 2001. Avec l´ouverture de «nouvelles routes» de l´immigration clandestine vers la région de Almeria, à partir des côtes maghrébines, voilà trois ans, les autorités espagnoles avaient décidé de renforcer le dispositif du Sive tout le long de la côte méditerranéenne. Ces stations de surveillance électronique sont équipées, notamment, d´une antenne radar et d´une caméra vidéo capable de détecter et de localiser avec précision une petite embarcation de fortune, à plus de 20 km environ au large de la côte espagnole. Le système Sive est également installé sur les côtes canaries pour surveiller les mouvements migratoires le long de la côte ouest africaine. «L´eau rentre de partout» Efficacité ou pas du Sive, comme par le passé, l´opposition conservatrice fait porter la responsabilité de cette avalanche migratoire à l´«inefficacité» du plan de lutte contre l´immigration clandestine du gouvernement du président José Luis Zapatero, dont le chef de la diplomatie se trouvait, hier, en Mauritanie pour renforcer le contrôle de la pression migratoire subsaharienne sur les Canaries. Là-bas aussi le Sive fait ses preuves. Mais là-bas encore la pression migratoire se poursuit. Le PP, lui, fait un seul constat : «l´eau rentre de partout».