Les services de secours maritimes espagnols de Cartagena recherchaient toujours, activement, depuis lundi à l'aube, une patera (nom donné par les Espagnols aux embarcations de fortune des émigrés clandestins), avec à bord une douzaine de harraga partis trois jours plus tôt de Mostaganem. Toujours activement certes, mais hélas, toujours vainement, avec le sentiment que plus le temps passe, et se dégrade, moins d'espoir il y a de retrouver cette énième barque à la dérive en haute mer. Un appel de détresse depuis la haute mer Un appel de désespoir lancé au numéro d'urgence (112) à 2h du matin par un passager signalait aux services d'urgences espagnols que l'embarcation de fortune, partie de Mostaganem, se trouvait à environ 20 km au large de Cartagena et, comble de malheur, la batterie du GPS tombait en panne en pleine mer. Cet appel vient confirmer l'information en possession des secouristes. Les autorités algériennes, sitôt alertées, avaient, en effet, signalé à leurs homologues espagnoles la sortie de cette patera en direction des côtes espagnoles et qui aurait déjà quitté les eaux territoriales algériennes. Immédiatement donc, lundi avant l'aube, les gardes-côtes espagnols mobilisent leur dispositif de recherche : un avion (Sasemar 101) et deux vedettes (Mimosa et Clara Campoamor). Ces appareils ont, vainement, ratissé la zone maritime indiquée. Les recherches renforcées par des moyens supplémentaires dès la levée du jour vont se poursuivre jusqu'à la tombée de la nuit. L'inquiétude des secouristes augmentait à mesure que le temps passait. Angoisse des familles à Mostaganem Un porte-parole des services de secours a déclaré à la presse que durant toute la journée du lundi, divers appels des familles des harraga les informaient que ces derniers avait quitté la côte algérienne il y a trois jours, alors que d'autres signalaient que l'embarcation était à la dérive depuis plusieurs jours. Cette source n'a pas caché sa «préoccupation» pour la «situation très délicate» de ces candidats à l'immigration clandestine qui «pourrait s'aggraver» si la mer devenait houleuse. Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, la météo a annoncé, en effet, des vents violents dans la région, mardi et mercredi. Seul donc un miracle est à espérer, comme le passage d'un navire marchand dans cette zone très fréquentée de la Méditerranée. Ce miracle s'est produit voilà quelques jours lorsque la marine nationale algérienne avait intercepté une embarcation avec un certain nombre de harraga dont des mineurs, quatre femmes et un bébé de 18 mois, immédiatement hospitalisés dans un état grave. Ce nouveau drame survient quelques jours seulement après un autre. Dans cette même zone maritime, devenue, depuis quelque temps, la destination privilégiée des harraga. La Radio nationale d'Espagne, dans un flash, le 29 octobre, annonçait que les services de secours maritimes de Cartagena ont intercepté une patera, suite à un appel reçu d'un pétrolier français de passage dans la zone faisant état de la présence d'une embarcation à l'endroit indiqué «avec quatre personnes à bord». Le fait nouveau c'est la présence de deux cadavres et deux blessés à bord, victimes de la soif, du manque de vivres et d'hypothermie à 60 milles au large de la côte espagnole. Ce sont «vraisemblablement des Algériens», disent les informations. Les autorités de Valence sont, peu de temps après, informées par les rescapés au cours de leur transfert à l'hôpital par voie aérienne, d'une seconde embarcation, probablement à la dérive, depuis plusieurs jours. C´est certainement cette embarcation que les secouristes espagnols continuaient de rechercher mardi soir. La route Dellys - Palma La route de Cartagena à partir des côtes algériennes n'est pas la seule, depuis que le système de surveillance électronique (SIVE) avait été mis en place, aux Canaries et dans le détroit de Gibraltar. Les harraga ne passent plus par le Maroc, mais tentent directement la traversée, longue de 150 à 250 km environ, selon les points de départ. La plus longue distance est celle qui relie Dellys aux Baléares. C'est là que la semaine dernière les gardes-côtes espagnoles, alertées par Alger, ont intercepté un petit chalutier, Youcef Dhiya, de 10 mètres de long au large de la localité de Cala Pi (Palma). C'est le treizième qui tente la traversée depuis cette ville algérienne vers Palma. Les treize ont été interceptés et leurs occupants expulsés. La loi espagnole punit, depuis 2007, à de lourdes peines de prison les organisateurs des traversées assimilées à la mafia de l'immigration clandestine. Au moment où nous mettons sous presse, les 22 occupants du Youcef Dhiya sont en attente d'expulsion.