La rencontre artistique, animée jeudi soir, à la cité universitaire de Bastos, Tizi Ouzou, par Slimane Belharat, journaliste à la Chaîne II, restera à jamais gravée dans les esprits des résidentes de la cité. Les deux invitées du jour ne sont autres que les deux chanteuses de l'ancienne génération qui ont marqué de leur empreinte la chanson féminine d'expression kabyle, et ce, depuis les années 1960 à ce jour. Il s'agit de Eldjida Tamchetouh et Chabha, deux femmes nourries au suc de la poésie ancestrale. La soirée artistique fut organisée pour ainsi clore un riche programme, élaboré par les responsables du service des activités culturelles, dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme. Dans la salle de spectacle, pleine comme un œuf, les deux chanteuses, n'avaient rien perdu de leur éloquence bien qu'elles soient en fin de carrière. Elles ont égayé, l'espace d'une soirée, les spectatrices par des chansons mélodiques désormais inscrites dans notre patrimoine musical. L'assistance, composée de jeunes filles d'une moyenne d'âge de 20 ans, a repris en chœur toutes les chansons, ce qui renseigne sur l'intérêt que porte la nouvelle génération à sa culture ancestrale, contrairement aux idées établies. Depuis la nuit des temps, la femme kabyle était toujours à l'avant-garde de la sauvegarde de la culture berbère. C'était aussi une occasion pour des étudiantes, artistes en herbe de s'exprimer au côté de leurs idoles, telle que Djamila, chanteuse à la voie mielleuse, Nassima la flûtiste et aussi Soraya,poétesse qui a épaté plus d'un par ses poèmes. «Ça me fait vraiment plaisir ce que font ces jeunes artistes, mais je leur conseille de se donner à fond dans leurs études. Moi, je regrette d'avoir interrompu mes études en deuxième année universitaire», déclara Eldjida d'un air empreint de nostalgie. Pour Chabha, elle a mis en exergue dans son intervention, les dures conditions des chanteuses kabyles qui ont cassé tant de tabous qui gangrenaient notre société. «J'étais la première femme à faire une tournée en Kabylie en compagnie de Lounis Aït Menguellet au début des années 1970», affirme-t-elle, en rappelant aussi les moments inoubliables qu'elle a passés à la chaîne II avec l'artiste Ali Ben Hannafi.