Au moment où la reine Rania tente de voler au secours des écoliers de la partie Est d'Al Qods, le roi Abdallah II de Jordanie craint le pire ailleurs. Au Sud-Liban où l'éclatement d'un nouveau conflit entre Israël et le Hezbollah chiite n'est pas à écarter. L'Etat hébreu pense que ses ennemis de la région veulent sa perte depuis plus de soixante ans et ce n'est pas aujourd'hui qu'ils y renonceraient. Le parti de Cheikh Nasrallah est-il visé directement par cette éventuelle confrontation à travers laquelle Ehud Barak ferait oublier la déconvenue militaire des troupes de Mofaz ? D'après un ministre israélien, cité par le Sunday Times, le Hezbollah est désormais considéré comme une unité de l'armée syrienne, basée au Sud-Liban. La formation chiite ne jouirait-elle plus du seul statut de bras armé de la République islamique d'Iran ? L'axe Téhéran-Damas lui conférerait ce «double profil» dont le gouvernement Netanyahou n'est plus en mesure d'en supporter l'existence. Alors que les Etats-Unis s'apprêtent à présenter les prochaines étapes au sujet du dossier iranien, - Shimon Peres a appelé Israël et ses alliés occidentaux à ne pas sous-estimer les menaces iraniennes et Ahmadinejad croit savoir que son pays est si fort que nul n'osera l'attaquer -, l'Etat hébreu semble avoir révisé sa stratégie militaire. Du moins, à court terme. Parce que la diplomatie envers les mollahs a des jours maussades devant elle, des frappes ciblées contre les centrales nucléaires iraniennes ne sont pas une affaire de quelques mois, l'administration de Tel-Aviv désigne «sa» cible pour les mois à venir. La Syrie où, pourtant, les Etats-Unis et la France mènent une politique de main tendue envers le président Bachar Al Assad depuis que W. Bush et Jacques Chirac ne sont plus aux affaires. Mais voilà que tous les vœux de paix, formulés depuis quelques mois par Damas, ne résonnent plus de la même manière dans le cabinet de sécurité israélien. Ce n'est plus possible que la Syrie, allié inconditionnel de l'Iran voisin, continue de souhaiter la reprise des pourparlers de paix syro-israéliens, avec ou sans conditions préalables, et de fournir des missiles Scud au Hezbollah libanais. Bien que Tel-Aviv ne détienne à ce jour aucune preuve matérielle, quant à ce transfert d'armes, ce prétendu « double langage» de la part de la présidence d'Al Assad serait devenu inadmissible aux yeux de Benjamin Netanyahou. Au point de cautionner une nouvelle offensive au Sud-Liban que conduirait Ehud Barak, le faucon au bec de colombe ? A en croire ses propres dires, Israël n'a aucune raison de mener cet été une guerre au Nord même si son état-major militaire n'a pas non plus l'habitude de fournir la date de ses offensives à l'avance. Les révélations du Sunday Times, selon lesquelles l'Etat hébreu aurait menacé la Syrie de la renvoyer à l'âge de pierre, seraient-elles infondées ? Si des missiles balistiques de longue portée sont tirés par le Hezbollah, la Syrie sera tenue pour responsable direct. Ses ports, ses centrales électriques, ses réserves de carburant seront réduits en cendres. Au Proche-Orient, les bottes ne font pas toutes le même bruit.