C'est toute la région sahélo-saharienne qui est en ébullition après l'enlèvement du touriste français et de son chauffeur algérien au Niger. Depuis vendredi, l'armée malienne est en état d'alerte maximum «pour empêcher les ravisseurs de pénétrer sur le territoire malien», selon le ministère de la Défense de ce pays. Le président malien s'est dit excédé par le fait que son pays soit devenu, au fil des ans, un sanctuaire pour le crime organisé. «Nous en avons assez que notre territoire soit en permanence violé par les terroristes et les trafiquants !», a-t-il indiqué dans une interview à l'hebdomadaire français Le journal du dimanche paru hier. Au Niger, un mouvement de troupes est signalé au nord-ouest de Tiguidan Tessoun, l'endroit où a lieu le rapt, mais les officiers de Niamey ne se font aucune illusion sur les chances de retrouver le groupe terroriste et les deux otages en territoire nigérien. Ces derniers seraient déjà entrés au Mali et se seraient cachés quelque part dans la vallée d'Azaouagh. En Mauritanie, la gendarmerie a renforcé ses patrouilles «pour sécuriser les déplacements des citoyens et des touristes», a indiqué, vendredi, son chef d'état-major, le général Ndiaga Dieng. L'officier supérieur a précisé qu'«un effort particulier» sera demandé aux patrouilles mobiles de la gendarmerie pour sécuriser les circuits et les routes empruntés par les citoyens et les touristes. Le général a révélé que les autorités mauritaniennes installeront bientôt trois commandements de la gendarmerie distincts dans les zones est, ouest et centre du pays en vue d'une meilleure coordination sécuritaire. Il a souligné que l'Etat mauritanien a opté pour une politique de décentralisation qui inclut la modernisation et l'équipement de la gendarmerie pour qu'elle puisse accomplir convenablement ses missions. La gendarmerie mauritanienne a récemment engagé, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et les trafics de tous genres, un dispositif mobile lui permettant d'intervenir sur toute l'étendue du territoire national. Plusieurs unités de la gendarmerie sont déployées dans le corridor sécuritaire nord récemment défini comme zone militaire. Au Maroc, 17 terroristes présumés ont été interpellés dernièrement. Selon les sources policières, ils étaient sur le point de rallier les arrières bases d'Al Qaïda en Mauritanie et au Mali. La police recherche d'autres membres de cette «nouvelle cellule terroriste», indique-t-on, ce qui explique les nombreux barrages policiers dressés ces derniers jours dans les rues de Casablanca. En Algérie, l'identité du chauffeur enlevé n'est pas encore connue. Depuis Tamanrasset, des membres de l'association locale des agences de voyage affirment ne pas être en mesure de donner le nom de l'agence qui l'emploie, cette dernière ne s'étant pas manifestée. Ils ne savent d'ailleurs pas si ce chauffeur travaillait pour son compte ou s'il a été engagé par une agence installée dans une wilaya autre que Tamanrasset et Illizi. Tous, cependant, confirment «des mouvements inhabituels» des unités de la gendarmerie et «une grande activité au niveau de l'aéroport», de même que la limitation des circuits touristiques aux seules zones proches de la ville.