De merveilleuses petites exploitations agricoles sont en train de pousser à travers le pays. On y trouve de tout. Généralement conçues à la manière des vieilles propriétés où le souci premier est d'y assurer tout ce qui est utile à la vie, elles ne sont pas toujours visibles de l'extérieur, même si les heureux propriétaires ne se font pas prier pour les faire visiter avec une arrière-pensée de fierté évidente. Bien sûr, comme toutes les «réalisations» de ce genre, le prestige l'emporte toujours et dans de grandes proportions sur l'utilité. Si tout le monde pouvait produire ses patates et ses oignons, élever quelques vaches pour son lait et son beurre et des poules pour ses œufs et sa volaille, ça se saurait depuis longtemps. C'est sûrement parce que ce modèle de production et de consommation est culturellement obsolète et économiquement dérisoire que son développement est confiné dans un rang de «galerie» sans la moindre incidence stratégique pour l'activité sociale. Mais les petites «fermes» ont seulement la prétention de «donner l'exemple». Les algériens, particulièrement les plus proches du monde rural, se sont tellement entendu dire que les fruits, les légumes, la viande et le lait n'auraient jamais atteint de tels prix si tous ceux qui possèdent un lopin de terre se mettait à l'autosuffisance qu'ils ont fini par croire aux sornettes destinées à ajouter à leurs difficultés la propension à l'auto-culpabilisation. Mais les petites propriétés qui sont en train d'essaimer un peu partout sont de vraies merveilles. Normal, à leur fonction originelle, on a rajouté la «touche esthétique». C'est plutôt de substitution qu'il s'agit, mais une sornette de plus ou de moins dans un monde si vaste, ce n'est pas la fin des… haricots ! Alors, les plus chanceux d'entre nous qui auront l'insigne honneur de compter dans leur entourage un heureux propriétaire de l'une de ces petites merveilles s'en donnent à cœur joie. Et ils racontent à leur sortie. «On dirait un ranch», «c'est vraiment Dallas», «tu te croirais au jardin d'essais !». Voilà une sélection des formules les plus inspirées pour exprimer l'ébahissement qui sanctionne la visite. Vous remarquerez aisément qu'en l'occurrence, il est rarement question de production et de performances agricoles, mais plutôt de formes de cascades, de couleurs de chapeaux et d'emplacement du barbecue. Il ne faut surtout pas préciser que les vaillants fermiers qui se sont «investis» dans ces espaces n'en ont pas besoin pour… vivre. On nous dira encore que ça «augmente leur mérite», mais ça commence à bien faire, les sornettes. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir