Un symbole de la sagesse et de l'ouverture en Islam nous a quittés ce jeudi. Décédé à l'âge de 103 ans, Abderrahmane Djilali a été inhumé hier après la prière d'el asr au cimetière de Sidi M'hamed, au Hamma (Alger). L'arrivée de la dépouille mortelle était attendue par une grande foule après la prière du vendredi au cimetière. Des imams, des représentants des zaouïas, des hommes de religion, des militants et des artistes ont tenu à assister à l'enterrement du grand homme. Avant l'arrivée du corps du défunt, les discussions ont tourné autour de Abderrahmane Djilali, de sa vie et de ses écrits. Né à Bologuine (et non Bologhine, comme il avait lui-même rectifié la prononciation lors d'une émission télévisée), Abderrahmane Djilali a été un élève de cheikh Abdelhalim Bensmaya, cheikh Mouloud Ezzribi El Azhari et cheikh El Hafnaoui. Il a dès son jeune âge appris le Coran et s'est spécialisé dans le fiqh (théologie) et la charia (sciences juridiques). Dans les années 1930, il est devenu enseignant à madrasset Echabiba, à la rue Louni Arezki, au côté de cheikh El Djellouli (dit Badaoui) et du poète et homme de religion cheikh Mohamed Laïd Al Khalifa. Abderrahmane Djilali était connu pour sa sagesse, son ouverture et ses connaissances multiples. Il était à la fois muphti et grand homme de religion, mais aussi un grand historien. Il a consacré une bonne partie de ses écrits à l'histoire de l'Algérie. Parmi ses ouvrages, on peut citer celui attribué au lien entre les trois villes Médéa, Miliana et Alger. Il a également dédié un écrit à l'érudit Mohamed Bencheneb, qui fut également parmi ses professeurs. L'homme était connu et aimé de tous les Algériens qui suivaient son émission radiophonique, «Raey eddine», pendant plusieurs décennies. Il y donnait des fatwas et des conseils en direct sur les ondes de la Radio nationale. Il était également aimé pour sa sympathie et son ouverture. Il était un ancien supporter de l'USMA et un véritable ami des artistes. Il était un grand amateur et un fin connaisseur de musique andalouse. D'ailleurs, au début des années 1980, il était parmi les spécialistes auxquels l'ONDA a fait appel pour la correction des textes andalous. Abderrahmane Djilali était également connu pour sa mémoire phénoménale. Il y a deux ans, c'est-à-dire à l'âge de 101 ans, on l'avait rencontré au cimetière de Sidi M'hamed, à quelque mètres de son futur tombeau, il nous a étonné en nous citant les noms de nos parents et grands-parents et en nous montrant les tombes des membres des familles algéroises, telles que les Bensamaya, Benmrabet, Hafiz… Il y a deux mois environ, l'homme est repassé à la télévision, à l'occasion de la nuit du doute, et nous a encore étonné par sa mémoire fraîche. Cheikh Abderrahmane Djilali, l'homme, le sage, le savant, l'historien, le muphti et la mémoire d'Alger et de toute l'Algérie, nous a quittés mais son nom restera gravé à jamais dans l'histoire de l'Algérie.