Les prix de cession des céréales par les agriculteurs aux coopératives de céréales et légumes secs (CCLS) devront être révisés. Cette révision, pensent des agriculteurs et des spécialistes du secteur agricole, devra permettre une meilleure orientation des céréaliculteurs qui ne favoriseront plus le blé dur, cédé aux CCLS à 4500 DA/quintal, au détriment de l'orge vendu au prix de 2500 DA/quintal. Intervenants, lundi à l'Institut national de la vulgarisation agricole, à l'occasion de la conférence-débat sur le thème de «la céréaliculture en Algérie ; situation et perspectives de développement», ils ont lancé un appel au ministère de l'Agriculture afin d'améliorer les mesures incitatives pour mettre un terme à l'actuelle méthode de choix des cultures céréalières. Les agriculteurs préfèrent semer le blé dur car son prix de cession est plus élevé que l'orge, expliquent les participants, qui ont plaidé pour penser à de nouvelles mesures de soutien devant permettre aux céréaliculteurs de mieux choisir sans que le prix de cession ne soit leur seul motif. La révision du dispositif du soutien à la céréaliculture se traduira par «un équilibre de production au niveau des exploitations», pensent les intervenants. De l'avis de M. Zeghouane, directeur général de l'Institut technique des grandes cultures (ITGC), le programme actuel dédié à la céréaliculture a enregistré un engouement des agriculteurs pour cette filière. Au cours des deux dernières années, la production céréalière a atteint une moyenne de 5 millions de tonnes, en nette hausse par rapport à la moyenne des années précédentes, qui se sont soldées par une moyenne de production qui ne dépasse pas les 3,5 millions de tonnes. L'acquisition de 500 moissonneuses-batteuses acquises au cours de l'année agricole 2009-2010 a permis un net recul des pertes de rendements, comme il a réduit la période de la récolte qui s'est rétrécie d'un mois. L'utilisation de nouveaux équipements a favorisé aussi une économie en main-d'œuvre. M. Zeghouane a annoncé dans ce sens un programme d'acquisition de 500 moissonneuses-batteuses par an. «L'ensemble des conditions sont réunies pour augmenter les rendements et par la même la production céréalière», a-t-il noté, rappelant que les céréaliculteurs ont bénéficié des exonérations fiscales pour l'acquisition des pesticides et des semences et d'un soutien de 60% du coût des équipements et du crédit Rfig à taux bonifié. Un programme s'étalant jusqu'à 2014 prévoit l'augmentation des surfaces irriguées de 500 000 hectares, a-t-il annoncé. «Le programme de soutien actuel a pour principal objectif d'atteindre l'autosuffisance en céréales notamment le blé dur et l'orge», a-t-il soutenu. La lutte contre la jachère enclenchée Le premier responsable de l'ITGC a évoqué par ailleurs le problème de la jachère, qui touche actuellement 3,4 millions d'hectares, qu'il faudra réduire d'au moins 20% afin d'augmenter la production céréalière. Ces terres doivent être cultivées en légumineuses et oléagineuses notamment pour équilibrer la production et répondre aux besoins de l'alimentation humaine. Pour M. Abdelguerfi, chercheur universitaire, la jachère devra être interdite dans les régions du nord où est enregistrée une bonne pluviométrie. «Des sanctions doivent être prévues à l'encontre des exploitants de la région nord qui laissent leurs terres en jachère», a-t-il proposé. Il a salué à l'occasion le retour sur les variétés rustiques et résistantes de blé enregistré ces dernières années au niveau des régions steppiques.