Les arbitres de football exerçant au niveau de la ligue de Tizi Ouzou ont boycotté vendredi la 16e journée du championnat de willaya (honneur et préhonneur) en signe de protestation et de solidarité avec un de leurs collègues agressé la semaine dernière. Il s'agit de Hacini Mohamed. Ce dernier a été victime d'une agression à l'issue du match qu'il a dirigé lors de la 15e journée du championnat honneur entre l'US Beni Douala et le FC Mechtras. La rencontre s'est soldée sur le score d'un but à zéro en faveur du FCM, équipe visiteuse. L'acte a été commis par le président du CSA de l'USBD, Ammam Hocine, qui a usé d'une pelle pour commettre son «crime». Il a suivi le trio arbitral lors de leur retour vers leur foyer et leur a bloqué la route avec son véhicule, puis, usant d'une pelle, il s'attaqua à l'arbitre en le blessant à la tête. Ce dernier a immédiatement été évacué par ses deux arbitres assistants vers la clinique de la commune de Beni Douala, où il a reçu les soins nécessaires. Six points de suture ont été nécessaires à la victime qui a ensuite déposé une plainte au niveau du commissariat du chef-lieu. L'affaire est désormais entre les mains de la justice. En tout, ce sont 8 rencontres en seniors du championnat honneur, 7 de préhonneur ainsi que 45 matches en jeunes catégories qui ont été boycottés par l'ensemble des arbitres de la wilaya, soutenus par quelques-uns de leurs ex-collègues exerçant à présent au niveau de la Ligue régionale d'Alger. Les rencontres devaient avoir lieu vendredi et samedi, est-il utile de préciser. L'action en question a été décidée lors d'une assemblée générale extraordinaire tenue jeudi entre les arbitres. Le collectif des hommes en noir, qui qualifie d'«acte ignoble» l'agression, compte dénoncer «une situation de trop» quant aux conditions qui prévalent dans l'exercice de leur fonction. «Cette agression n'est que la goutte qui a fait déborder le vase», disent-ils. Lors d'une autre réunion qui a eu lieu vendredi matin, les arbitres n'ont pas manqué de «tirer» sur la ligue. «Le bureau de la ligue aurait dû se réunir en urgence afin de traiter ce cas d'agression et sanctionner sévèrement l'agresseur», déclare l'un des arbitres. Plusieurs problèmes ont été à l'occasion abordés. «Tous les point soulevés feront l'objet d'une plateforme de revendications qui sera transmise à la ligue et aux responsables de la DJS de Tizi Ouzou, cette fin de semaine», nous a expliqué un représentant des referees. Le manque de sécurité dans les stades, le manque de considération envers les arbitres, l'homologation des stades en manque de tous les moyens adéquats, la passivité de la ligue dans ses sanctions… sont certains des points qui ont monopolisé les débats. Avec cette démonstration de force, les arbitres comptent aller plus loin dans leur mouvement, en réclamant plus de considération pour leur corporation mais aussi le changement des mentalités et des conditions d'exercice. «Il faut en finir avec cette peur au ventre que ressent un arbitre lorsque l'équipe locale perd à la fin d'un match», insiste un arbitre d'une grande expérience. La ligue de football, les clubs ainsi que les responsables de la DJS, qui sont mis dans une situation des plus délicates, doivent en effet revoir leurs calculs en accordant plus de considération à l'arbitre, qui doit être désormais associé à la prise de décisions le concernant, ainsi qu'à la bonne gestion du championnat. Par ailleurs, les présents à la réunion de vendredi ont mis en garde contre «toute sanction d'arbitre ayant boycotté ou initié l'action». «Le mouvement sera plus radical», avertissent-ils.