Un commandant des forces du conseil intérimaire au pouvoir en Libye (CNT), positionnées aux abords de Syrte, a annoncé hier avoir engagé des négociations en vue d'une trêve avec un dignitaire de la tribu de Mouammar Kadhafi, présent à l'intérieur de la ville assiégée. Touhami Zayani, qui commande la brigade El Farouk à l'extérieur de Syrte, a précisé que ce chef tribal l'avait contacté par téléphone satellitaire pour demander que les membres de la tribu puissent sortir de la ville en toute sécurité. Zayani a dit avoir accepté d'autoriser les familles à partir. Il a ajouté qu'il négociait toujours les modalités de l'évacuation des partisans armés de Kadhafi, dont Syrte est la ville natale. «Il m'a appelé pour me dire qu'ils cherchaient à obtenir un libre passage pour que les familles et les miliciens puissent quitter l'agglomération», a-t-il dit. «Nous ne sommes pas entrés dans les détails et nous n'avons que très brièvement évoqué la manière dont ces départs pourraient intervenir mais je pense que le scénario prévisible prévoira qu'ils (les miliciens retranchés à Syrte, ndlr) partiront sans leurs armes.» Le commandant des forces du CNT n'a pas précisé la destination des membres de la tribu du guide déchu une fois qu'ils auraient quitté Syrte, où ils sont majoritaires. Prise du port Les combattants du CNT ont annoncé hier avoir pris le contrôle du port de Syrte, à l'est de ce bastion des fidèles du dirigeant libyen déchu Mouammar Kadhafi. «Il y a eu des affrontements dans la nuit et à présent nous contrôlons le port», a déclaré ce commandant de la «brigade de Zenten», déployée près de Syrte. Des combats avaient éclaté lundi soir près du port de cette ville, prise en tenailles par des combattants du CNT qui avancent par l'est et par l'ouest. Lundi, les forces du nouveau régime ont mis la main sur une cache d'armes des pro-Kadhafi sur le front oriental de Syrte, tandis que l'Otan a bombardé des cibles dans la ville pour la troisième journée consécutive. Selon l'ONU, près de 2000 personnes ont fui la ville, privée d'eau, d'électricité et de nourriture, selon les témoignages d'habitants. Et la clinique de Harawa, à 40 km à l'est de la ville, voit passer tous les jours des dizaines d'enfants souffrant en général de maux liés à l'absence d'eau potable. Selon un combattant pro-CNT, deux pro-Kadhafi se sont rendus lundi soir. Les combattants du CNT essaient depuis plusieurs jours de permettre aux familles de quitter la ville où, selon les pro-CNT, Mouatassim Kadhafi, l'un des fils du dirigeant déchu, serait réfugié. Médecin et militaire de carrière de 36 ans, Mouatassim a dirigé le Conseil de sécurité nationale. Bani Walid résiste Sur le front de Bani Walid, les soldats du nouveau régime n'ont pas encore réussi à créer de brèche dans cette région. Les deux factions ont échangé hier d'intenses tirs d'obus. «Nous faisons face à une forte résistance, c'est pourquoi nous utilisons l'artillerie lourde sans envoyer l'infanterie pour l'instant», a précisé le commandant Mohamed Al Seddiq, avant d'ajouter : «La bataille finale aura lieu dans les deux prochains jours». Les forces du CNT ont perdu une trentaine de combattants lors de précédentes attaques menées dans cette oasis.