Deux personnes ont été tuées et des dizaines blessées mardi à Sanaa lors de tirs sur une manifestation réclamant la démission du président yéménite Ali Abdallah Saleh, selon des correspondants de presse sur place. Des soldats fidèles à M. Saleh et des civils armés ont ouvert le feu sur des milliers de jeunes qui s'approchaient de bâtiments officiels dans le quartier d'Al Qaa. Les civils armés avaient installé des tentes sur le parcours de la manifestation pour l'entraver, mais les jeunes ont poursuivi leur marche vers le quartier d'Al Qaa. Les manifestants étaient partis de la place du Changement, épicentre de la contestation, située dans un secteur tenu par la 1re division blindée ralliée à la contestation, pour se rendre dans les quartiers contrôlés par les forces fidèles à M. Saleh. «Le peuple veut la traduction en justice du meurtrier», «La mort plutôt que Ali Abdallah Saleh», «Nous ne craignons pas la mort», scandaient les jeunes déterminés en bravant les balles. L'hôpital de campagne installé sur la place du Changement a reçu les corps de quatre manifestants et celui d'un cinquième se trouvait à la morgue de l'hôpital républicain à Sanaa. Des dizaines de blessés par balle et des jeunes intoxiqués par les gaz lacrymogènes, transportés à l'hôpital de campagne, ont été placés par terre faute de place. Une partie des manifestants était toujours encerclée en milieu de journée par les forces fidèles au régime yéménite et des coups de feu étaient entendus. Samedi et dimanche, les forces de M. Saleh avaient déjà ouvert le feu sur des manifestants réclamant sa démission à Sanaa. Quatre civils et deux soldats dissidents avaient été tués dimanche dans les tirs sur les manifestants, selon un bilan compilé par la presse. Douze Yéménites avaient péri dans la répression d'une manifestation à Sanaa. La Yéménite Tawakkol Karman, prix Nobel de la paix, a appelé mardi l'ONU à intervenir immédiatement pour arrêter «le massacre des manifestants pacifiques». La jeune femme, qui joue un rôle de premier plan dans le mouvement de contestation populaire au Yémen, demande dans son message également adressé aux membres du Conseil de sécurité de «protéger les manifestants pacifiques au Yémen».