Des enquêtes «appropriées» sur les pertes civiles induites par les frappes aériennes de l'Otan en Libye doivent être menées par l'Organisation transatlantique, a indiqué Amnesty International dans une note publiée hier. «Jusqu'à présent, l'Otan n'a pas enquêté sur les nombreuses pertes civiles causées par les frappes aériennes lancées par ses forces en Libye», remarque l'ONG, dans une nouvelle synthèse publiée un an après le déroulement des premières frappes et dont l'APS a eu copie. Dans ce document, intitulé «Libya : The forgotten victims of NATO Strikes», l'organisation explique que de «très nombreux civils libyens qui n'étaient pas impliqués dans les combats ont été tués et beaucoup d'autres blessés, pour la plupart chez eux, par les frappes aériennes de l'Otan», signalant que l'Otan n'a pas mené les «investigations nécessaires, ni même tenté d'entrer en contact avec les survivants et les familles des victimes». L'organisation estime qu'il convient de mener des enquêtes «dignes de ce nom» et d'accorder aux victimes et à leurs familles des «réparations pleines et entières».«Il est profondément décevant que plus de quatre mois après la fin de l'opération militaire, les victimes qui ont survécu et les familles des personnes tuées par les frappes aériennes de l'Otan ne sachent toujours pas ce qui s'est passé ni qui était responsable», a estimé Donatella Rovera, conseillère principale sur la réaction aux crises à Amnesty International. Selon l'ONG, les enquêtes doivent déterminer si les pertes en vies humaines au sein de la population civile sont la conséquence de violations du droit international et, le cas échéant, les responsables présumés doivent être «déférés à la justice». AI affirme avoir recensé 55 civils identifiés, dont 16 enfants et 14 femmes, tués dans le cadre de frappes aériennes à Tripoli, Zlitan, Majer, Syrte et Brega. Nombre de ces pertes sont dues, selon elle, à des frappes aériennes lancées contre des «logements privés, où Amnesty International, pas plus que d'autres, n'a découvert d'éléments prouvant qu'ils étaient utilisés à des fins militaires au moment de l'attaque». Dans sa dernière réponse adressée à AI le 13 mars, l'Otan avait «regretté vivement tous les dommages qui ont pu être induits par ces frappes aériennes», estimant que la «responsabilité première» de conduire des enquêtes revient aux autorités libyennes.