Mohamed Boudiaf et ses compagnons qui ont pris l'initiative de la réunion des 22, ont ‘‘inversé la démarche, en optant pour le déclenchement avant l'organisation de l'insurrection'', a indiqué jeudi à M'sila un témoin de l'époque, Hocine Zehouane. M. Zehouane qui est également président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, intervenait à l'occasion de la commémoration du 20ème anniversaire de la mort de Mohamed Boudiaf, organisée par l'association Machaâl El Chahid. L'intervenant, indiquant qu'il avait connu Mohamed Boudiaf à la veille du déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, lorsqu'il était lycéen à Alger, a rappelé que selon la thèse qui était alors généralement admise, il fallait commencer par l'organisation, mobiliser le peuple, ensuite déclencher la Révolution. M. Zehouane s'est dit avoir été "surpris" par le retour de Mohamed Boudiaf en 1992, à la tête du Haut Comité d'Etat (HCE) car, a-t-il estimé, "il y avait une absence de concordance entre ses idées et les options des décideurs de l'époque". Cette rencontre a également été marquée par l'intervention de Tayeb Taalibi, un compagnon de Boudiaf, avant, pendant et après la Révolution. Ce témoin a affirmé que Boudiaf a constamment été fidèle à ses idées, cela devait le conduire à aller en prison, ensuite à s'exiler et à fonder un parti d'opposition, le Parti de la révolution socialiste (PRS). M. Taalibi a rappelé que Boudiaf s'était opposé au coup de force contre le GPRA par l'état-major général de l'ALN des frontières, et évoqué, également, le différend avec Messali Hadj lors de la crise du parti nationaliste (PPA-MTLD), entre messalistes et centralistes. Les participants à cette journée de commémoration, accompagnés des autorités locales, avaient déposé auparavant une gerbe de fleurs devant la statue de Mohamed Boudiaf.