Nombre d'historiques qui ont assisté à l'hommage rendu à Omar Boudaoud, l'ancien responsable de la Fédération de France du FLN, se sont accordés à souligner le rôle joué par cette structure dans la réussite de la guerre d'indépendance 1954-62. Lors de la présentation du livre Du PPA/MTLD au FLN, témoignage d'un combattant, de Mohamed Abbas, portant les témoignages de Omar Boudaoud, hier à Alger, sur l'initiative de l'association Mechaal Echahid, le voile a été levé sur deux aspects importants. Non seulement la Fédération de France du FLN a contribué à l'ouverture d'un second front sur le sol français, au moment où la révolution était militairement étouffée, mais, aussi, a constitué le nerf de la guerre de la révolution, en ce qu'elle contribuait à hauteur de 80% dans le financement du GPRA. La salle abritant le forum d'El Moudhjahid s'est avérée trop exiguë pour contenir autant de révolutionnaires, parmi les compagnons d'armes et de militantisme d'Omar Boudaoud, à cette occasion, qui intervient à la veille de la célébration du 47e anniversaire des événements du 17 Octobre 1961. Le témoignage poignant de l'orateur remonte à la période ayant précédé la révolution de Novembre 1954. La préparation de la révolution armée était un travail de longue haleine, et la période la plus marquante est sans conteste celle du mouvement national, plus particulièrement où est apparu le PPA/MTLD, dira-t-il, n'hésitant pas un instant à mettre le doigt sur la scission au sein du parti entre messalistes et centralistes, et qui a «retardé de trois ans» le déclenchement de la révolution armée, selon des révélations des personnes présentes. Il abordera la deuxième étape marquée par la mise sur pied d'un mouvement paramilitaire, qui a été émaillée par l'échec de nombreuses tentatives politiques prises à l'initiative du colonisateur, dont la mise sur pied d'une assemblée fantoche et l'organisation d'élections. Puis, il y eut la goutte qui a fait déborder le vase, raconte-t-il. Après les massacres du 8 Mai 1945, les Algériens étaient convaincus que la lutte armée était la seule issue face au colonisateur français. La dislocation de l'O.S., suivie de la création du MNA et celle de la tentative de rassembler tout le monde au sein du CRUA, sont autant de haltes que marquera le conférencier, qui insistera sur les tractations ayant précédé le déclenchement de la lutte armée. Il indiquera que les 22 ont refusé d'agir alors que la Kabylie était dans la neutralité, conscients qu'ils étaient que cela ne pouvait réussir sans cette partie de l'Algérie, d'où l'envoi par les cinq d'une délégation chez Ouamrane, qui a fini par déclencher la révolution du 1er Novembre. Ce récit a ouvert le débat sur d'autres révélations au sujet d'événements inconnus jusque-là du grand public. Ainsi en est-il d'un intervenant qui s'est voulu précis en rectifiant une date en rapport avec le contre-révolutionnaire de sinistre nom, Kobus, en indiquant qu'il avait trahi en 1950. Après M. Boudaoud qui dira qu'«écrire est un devoir», tous ont mis l'accent sur la nécessité d'écrire la mémoire vivante du peuple algérien, suggérant la tenue d'un colloque sur l'écriture de l'histoire. Le plus important, pour Abderrazak Bouhara, présent également, est de ressusciter l'âme de la révolution. «Le pays a besoin de renouveler le projet politique, notamment les valeurs qui, hier, ont fait la réussite de la révolution 1954-1962, et fait oublier toutes les divergences», a-t-il affirmé en plaidant pour que la recherche soit orientée vers ce domaine. A. R.