Le drame des feux de forêt qui ont ravagé et continuent de ravager des milliers d'hectares, notamment dans la commune d'Aït Yahia Moussa, à 25 km au sud-ouest du chef-lieu de wilaya, l'une des localités les plus touchées par les incendies, a désormais, atteint les citoyens dans leur propre chair. Leurs maisons ! Dans la commune précitée, au moins trois habitations ont été touchées par les flammes, vendredi au village Hellil, indique une source locale. Il s'agit, précise la même source, des maisons appartenant à M. Achour, M. Mouloud et M. Amar, entièrement encerclées par les incendies, que la mobilisation citoyenne, renforcée par les éléments de la Protection civile n'ont pu maîtriser. Les concernés sont à présent sans abri. Au village Tassegdelt, des recoupements d'information parlent de deux maisons qui auraient été atteintes par les flammes. Vendredi, avant-dernier jour du mois de Ramadhan, des incendies avaient encerclé les villages Ihissithen, Hellil, Chérifi et Tassegdelt. Plusieurs centaines d'arbres fruitiers, particulièrement des oliviers, ont été réduites en cendres, alors que des champs ont complètement été ravagés, détruisant toute une moisson que de paisibles agriculteurs attendaient depuis de longs de mois. Les feux et les émeutes A Aït yahia Moussa, c'est la colère. Rien que pour les derniers dix jours du mois sacré, près de dix incendies se sont déclarés à Iaâllalen, Ighil-Vir, Ikalathen, Hellil, Afir, Ivouhrene, Ihissithen, Chérifi et Tassegdelt. «N'était notre mobilisation, la Protection civile n'aurait jamais pu venir à bout des flammes. C'était vraiment l'enfer avec la chaleur torride des derniers jours du Ramadhan», raconte un habitant d'Iaâllalen. À Aït Yahia Moussa, daïra de Draâ El Mizan, la colère des jeunes a failli tourner à l'émeute. En effet, vendredi 10 août, peu avant la rupture du jeûne, des dizaines de citoyens en colère ont mis le feu à des pneus et barricadé la RN 25 qui traverse le chef-lieu communal dans les deux sens. Certains jeunes ont même pris pour cible le bâtiment qui abrite les forces de l'ANP, à coup de pierres. Des pneus ont été allumés aux alentour du bâtiment, indiquent des témoins. Les jeunes avaient, rappelons-le, accusé les forces de l'ANP d'être à l'origine du déclenchement des feux de forêt. Les scènes de colère ont duré près de trois heures, avant que des sages de la commune n'interviennent pour rouvrir la route bloquée et apaiser les tentions. De leur côté, les forces de l'ANP ont gardé leur sang-froid et n'ont pas riposté aux provocations des jeunes en colère, ce qui a évité le pire. A Béni Zmenzer, on se souvient ... C'est le même topo à travers plusieurs communes de la wilaya de Tizi Ouzou, où des milliers d'hectares de forêt, d'arbres fruitiers, d'oliviers, de chênes-lièges, de ruches et de poulaillers ont été ravagés par les incendies. Iflissen, Mizrana, Bouzeguène, Béni Zmenzer, Larbaâ Nath Irathen, Tadmaït, Aghribs, Timizart et Azeffoun, pour ne citer que celles-ci, ont été touchées. Selon les chiffres de la Direction de la conservation et de la préservation des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou, 300 foyers d'incendie ont été recensés durant la première quinzaine du mois d'août, où plus de 3500 hectares d'espaces verts sont partis en fumée. Des chiffres qui dénotent de l'ampleur des dégâts dans cette wilaya du nord du pays. A Béni Zmenzer, commune de Béni Douala, à 10 km au sud de la ville de Tizi Ouzou, les incendies avaient encerclé en fin de semaine dernière des maisons entières avant que les éléments de la Protection civile, déployés en force sur les lieux, n'arrivent à maîtriser les flammes avec l'appui des citoyens. Ces derniers sont en état d'alerte, «l'image catastrophe» de 2008, où quatre personnes avaient trouvé la mort dans un incendie géant, est toujours présente dans les mémoires.