Avant-hier, peu avant la rupture du jeûne, des dizaines de jeunes venus des villages et des hameaux situés sur le versant est au chef-lieu de la commune d'Aït Yahia Moussa, à 25 kilomètres au sud-ouest de Tizi Ouzou, ont entièrement bloqué le boulevard Krim-Belkacem à l'aide de barricades avant de brûler des pneus. Cette action a été décidée pour manifester leur colère au sujet des deux incendies qui ont ravagé dans l'après-midi de jeudi une grande partie des maquis et des oliveraies de ce versant d'Iâllalen. Les villageois ne se sont pas contentés de bloquer le centre-ville, mais ils ont, par ailleurs, cerné le cantonnement militaire. Des projectiles de diverses natures ont été jetés dans la cour de l'immeuble sous l'œil vigilant des hommes en tenues bariolées qui n'ont pas réagi. Les manifestants désignent les soldats comme étant les auteurs de ces feux. “Si on nous brûle nos oliviers, que nous reste-t-il ? Et ces forêts qui nous nourrissent, pourquoi les réduisent-ils en cendres ? À ce rythme, nous n'aurons même pas de bois pour nous chauffer. Et que font nos autorités pour nous défendre?" nous dira un membre d'un comité de village que nous avons contacté. En plus de cela, ces citoyens se voient abandonnés car, selon eux, les secours ne seraient pas arrivés à temps. Appelé à ce sujet, un élu nous a appris que l'APC n'a pas manqué de mobiliser les moyens dérisoires dont elle dispose. “Au péril de ma vie, j'ai été le seul à rester devant mes deux poulaillers et avec comme la seule arme de combat, mon courage et mes jerricans remplis d'eau", nous a confié un éleveur de volailles au lendemain de ce sinistre. “Pendant la guerre, nos grands- parents ont vécu la même chose. À chaque embuscade tendue par les moudjahidine, les soldats français venaient et incendiaient nos villages. Cinquante ans après, la région de Krim-Belkacem et de tous les autres martyrs vit la même situation", ajoutera un autre habitant de cette région dont des dizaines d'hectares d'oliviers sont ravagés par le feu. En tout cas, ce petit centre urbain a frôlé l'émeute. Ce n'est qu'après l'intervention de quelques sages que les villageois ont regagné leurs maisons respectives dans l'espoir de voir les hauts responsables réagir au sujet de ce qui est à l'origine de cette colère. à Azeffoun également où plusieurs feux de forêt ont été enregistrés durant ce week-end, les habitants, en colère, ont décidé de se mobiliser pour organiser des actions de protestation contre l'indifférence des autorités face à cette lamentable situation faite de destruction massive de l'olivier en Kabylie. F. I.