ue vont dire maintenant les pouvoirs publics au nouveau président du Chabab Belouizdad, Mokhtar Kalem, qui demande (lui aussi) que le club, dont il vient d'être élu président, soit «repris» par une entreprise publique ? Figure du CRB dont il a été un illustre joueur, Mokhtar Kalem a peut-être même été élu sur ce «programme» de sauvetage du club qui n'en finit pas de manger son pain noir depuis le début de l'année. En postulant au retour aux affaires, il n'a peut-être pas été chercher très loin les solutions, mais il n'a pas manqué, dans sa promesse de ramener le CRB dans le giron de l'Etat et de le financer par l'argent public, ni de pertinence, ni de courage. Voilà donc qui nous ramène à la question de départ : pourquoi Sonatrach «reprendrait-elle» le Mouloudia d'Alger, le Mouloudia d'Oran, le Chabab de Constantine, la JS Saoura et pas le Chabab Belouizdad ? Ces clubs sont populaires ? Le CRB l'est aussi. Les titres ? Le CRB en a gagné presque autant que le meilleur des quatre «heureux élus». Ces clubs ont des «problèmes» ? Le CRB en a jusqu'au cou. Peut-être que Mokhtar Kalem, en assurant à l'assemblée générale et par prolongement aux supporters que le club sera financé par une entreprise ou un organisme public, a fait une promesse qu'il ne pourra pas tenir. Mais l'idée permettait une situation si confortable qu'il n'a pas hésité à foncer. Que peut-il perdre après tout ? Dans le meilleur des cas, il mettra son club de cœur entre de bonnes mains, une assurance tous risques dont aucune entreprise sportive au monde n'a rêvé. Dans le pire, il aura tout de même essayé ! Et ce ne sera certainement pas de sa faute si les autorités appliquent une politique de deux poids deux mesures envers des clubs «professionnels» algériens, censés être égaux en droits ! Sinon, s'il s'agissait de mobiliser la manne publique pour accompagner le football algérien dans ses premiers pas vers la professionnalisation, il n'y a aucune raison de «sélectionner» quatre clubs avec des critères qui font rire tout le monde, surtout l'équité supposée par le fait qu'ils sont répartis aux quatre points cardinaux ! Pourtant, ce serait faire injure à Mokhtar Kalem de suggérer qu'il veut mettre les pouvoirs publics devant le fait accompli ou à contrario qu'il a trouvé un beau subterfuge pour revenir à la présidence de son club avec une promesse qu'il ne pourra pas tenir. S'agissant des pouvoirs publics, il ne fait, sans le dire bien évidemment, que «poursuivre le voleur jusqu'au seuil de sa porte», comme le dit si bien l'expression du terroir. Il sait que quand certains présidents de club ont crié à l'injustice après l'annonce de la «reprise» par Sonatrach des quatre clubs en question, le président de la fédération les a réunis pour leur... promettre que ce n'est que le début d'une expérience, donc forcément appelée à s'étendre ! S'agissant des électeurs et des supporters, M. Kalem ne doit pas être assez naïf de croire qu'il suffit de revenir. Ils ne doivent pas se bousculer au portillon de la présidence du CRB, les gens qui n'ont aucune solution crédible, du moins possible. Dans l'affaire, ou bien les autorités ont en tête de déterrer l'expérience des années 1970, où tous les clubs appartenaient aux entreprises publiques, ce qui est une hérésie économique et sportive, ou bien Sonatrach prendra en charge quatre clubs sélectionnés arbitrairement, ce qui est une hérésie économique et sportive doublée d'une injustice grave. M. Kalem l'a compris et il n'a pas manqué d'inspiration en agissant en conséquence.