Les 17e Jeux méditerranéens que la ville turque de Mersin a accueillis depuis le 20 juin se sont achevés avec la cérémonie de clôture qui s'est déroulée dimanche soir dans le superbe stade Idman Turdu. Pendant 11 jours, les quelque 3000 athlètes de 24 pays méditerranéens se sont affrontés dans 28 disciplines dans des sites dont certains n'avaient rien à envier à ceux des plus grands pays sportifs. La Turquie aurait consacré, selon des confrères turcs, une enveloppe budgétaire d'un peu plus de 350 millions de dollars pour l'organisation de ces joutes. Elle les a investis dans la construction de 11 nouvelles infrastructures et dans la restauration de 43 autres. Rappelons que les Turcs avaient suppléé à la défection des Grecs à qui l'organisation de ces 17e Jeux méditerranéens avait été confiée. Ils n'étaient intervenus qu'en janvier 2011, soit deux ans avant l'évènement avec la promesse que tout serait prêt le jour J. Ils ont été au rendez-vous et ont fait une superbe démonstration, eux qui visent désormais l'organisation des jeux Olympiques de 2020 dont le vote aura lieu le 7 septembre à Buenos Aires. Sur le plan de l'affluence, il était tout à fait normal de trouver des stades et des salles combles à chaque fois que des athlètes turcs étaient engagés. Les organisateurs ont tablé sur un coût du billet d'accès extrêmement faible, à peine 1 lire turque (soit 40 centimes d'euros), pour attirer un maximum de public car Mersin, malgré une population assez dense, ne passe pas pour une ville très attirée par le sport. En tout cas grâce à ces jeux, elle dispose aujourd'hui d'infrastructures sportives à faire pâlir d'envie bien des grandes cités, même en Europe. Une élite en reconstruction L'Algérie a été représentée à ces jeux par une très forte délégation avec pas moins de 162 athlètes pour concourir dans 16 des 28 disciplines du programme général. Il faut rappeler qu'avant ces jeux, les responsables du sport algérien et le président du Comité olympique algérien, M. Mustapha Berraf, s'étaient gardés de faire le moindre pronostic en médailles. Ils avaient tous axé leur discours sur le fait que le sport algérien venait de connaître une régression et qu'il fallait presque rebâtir une nouvelle élite. C'est, en tout cas, la teneur des propos du ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Mohamed Tahmi, lequel s'était exprimé à Mersin même, pour dire que «l'essentiel n'est pas de remporter un maximum de médailles mais bien de préparer nos jeunes athlètes aux futures grandes échéances internationales avec en point de mire les Jeux olympiques de 2016 au titre de tremplin pour ceux de 2020». En 2009, lors des 16e Jeux méditerranéens qui avaient eu lieu dans la ville italienne de Pescara, les Algériens n'avaient vraiment pas été brillants avec un total de 17 médailles dont 2 en or, 3 en argent et 12 en bronze. C'était la plus mauvaise participation des Verts dans ces joutes (en matière de médailles d'or) depuis les Jeux de Split, en 1979, où ils n'avaient remporté qu'une médaille en vermeil. Vu leurs faibles performances aux Jeux africains de Maputo et aux Jeux arabes de Doha en 2011, leur participation aux Jeux de Mersin était, au départ, enveloppée de pessimisme. C'est le judo qui a ouvert, lors de ces 17e Jeux méditerranéens, le compteur des médailles des Algériens, avec Abderahmane Benamadi, lequel, dans la catégorie des 81kg, s'est emparé du bronze. Deux autres podiums, tous deux pour la troisième place, sont venus s'ajouter aux palmarès des judokas, à savoir ceux de Kawthar Oualal (78kg) et de Billal Zouani (100kg). Le judo est une discipline habituellement pourvoyeuse de médailles chez les Algériens mais à Pescara en 2009 elle n'avait remporté que du bronze, 5 au total. A Mersin, il a fait moins bien mais ses responsables indiquent que c'est une sélection en pleine reconstruction qui ne devrait arriver à maturité que dans deux à trois ans. Cette petite entrée en matière du judo augurait d'une participation algérienne à Mersin à la hauteur de celle médiocre de Pescara quatre ans plus tôt. C'était compter sans la volonté et la détermination de certains athlètes qui ont fait de très gros efforts pour monter sur le podium. On pense ici à l'haltérophile Walid Bidani en bronze chez les 105kg, lui qui a concouru avec un terrible mal au dos ainsi qu'avec un genou en compote, à Mouataz Djediat médaillé de bronze des 60kg en lutte gréco-romaine, au cycliste Abdelbasset Hannachi médaillé de bronze sur la course en ligne, aux deux médaillés de bronze du karaté, Mohamed Boudis chez les moins de 67kg et Missipa Hamadini chez les plus de 84kg, au bouliste Sid Ahmed Boufateh, médaillé de bronze au tir de précision et à la joueuse de rafle Lamia Aïssaoui médaillée de bronze en individuel. Restait alors à conquérir l'or, sachant qu'un pays comme la Tunisie avait, d'entrée de jeu, remporté deux médailles en vermeil en haltérophilie et laissé la délégation algérienne à ses doutes. Une boxe en or Pendant que Mersin vibrait au rythme des Jeux, la ville de Tarsus, distante d'une cinquantaine de kilomètres, l'était à celui de la boxe où les Algériens comptaient bien faire parler d'eux. Ils ont réussi à le faire et de la plus belle manière qui soit. En effet, lors de la soirée de clôture, il y eut 10 finales et parmi elles 5 concernaient des Algériens. Ces derniers ont, alors, réalisé un grand exploit en s'imposant dans chacune de ces finales. 5 médailles d'or d'un coup, on ne croit pas qu'il y ait eu tellement de compétitions internationales où des athlètes d'un même pays ont pu remporter autant de médailles d'or en une seule soirée. A ce titre Mohamed Flissi (49kg), Reda Benbaziz (56kg), Abdelkader Chadi (64kg), Ilyas Abadi (69kg) et Abdelhafid Benchabla (81kg) sont entrés dans la légende du sport algérien. On ajoutera à cette fabuleuse moisson des boxeurs, la médaille de bronze de Mohamed Amine Ouadahi chez les 60kg. La contre performance de Pescara était, à ce moment-là, corrigée par les Verts mais ils ne devaient pas s'arrêter en si bon chemin. Effectivement, l'athlétisme, qui a connu des erreurs de gestion avec des athlètes qui avaient réalisé les minima des Jeux mais avaient failli ne pas y prendre part puisque non engagés dans les délais requis, s'est, de nouveau, affirmé comme une discipline porteuse en matières de médailles. Kenza Dahmani dans le 10 000m, Amina Bettiche dans le 3000m steeple, Yasmina Omrani dans l'heptathlon et Rabah Aboud dans le 5000m sont passés par là et ont été autant de médailles d'or pour la délégation algérienne. Avec eux, on citera Souad Aït Salem et Miloud Rahmani tous deux médaillés d'argent, respectivement dans le semi-marathon et au 400m haies, puis les médaillés de bronze que furent Souad Aït Salem (10 000m), Othmane Hadj Lazib (110m haies), Imad Touil (1500m) et Baya Rahouli (triple saut). Les sports collectifs en rade On remarquera que le sport algérien s'est, une nouvelle fois, illustré grâce aux disciplines individuelles. Trois sports collectifs avaient délégué leur équipe nationale respective à Mersin, à savoir le handball masculin et féminin, le volley-ball masculin et le basket-ball masculin. Aucun des trois n'a pu aller au-delà du premier tour. Le handball ne pouvait prétendre à de bons résultats quand on connaît la crise que vit sa Fédération. Les garçons ont perdu deux matches de poules (face à la Serbie 34-21 et face à la Turquie 26-24) et en ont remporté un (face l'Italie 24-23). En match de classement ils ont terminé à la 9e place après avoir battu la Grèce (27-23). Les filles ont fait un peu moins bien, perdant trois matches de poules (face à la Turquie 25-23, face à la Serbie 28-20 et face à l'Italie 24-19), en remportant un (27-19 face au Monténégro), puis en terminant à la 10e place après avoir été battues par la Macédoine (27-24). Le basket-ball s'est, lui, déplacé à Mersin sans grand espoir si ce n'est celui de remporter au moins un match. Il n'a pas réussi à le faire, perdant ses trois matches de poules (97-68 face à la Turquie, 89-81 face à la Macédoine et 85-79 face à l'Egypte). Quant au volley-ball, il a terminé à la 6e place après avoir pourtant remporté deux succès en matches de poules dont un face au futur vainqueur de l'épreuve, l'Italie (3-2), l'autre ayant été enregistré face à la Macédoine (3-2). Les Verts subirent deux défaites, 3-0 face à la Tunisie en match de poule et 3-0 face à l'Egypte en match de classement pour la 5e place. Avec un total de 26 médailles (9 en or, 2 en argent et 15 en bronze), les Algériens ont largement dépassé les espoirs placés en eux avant ces Jeux de Mersin. Ils ont, en tous les cas, effacé l'échec de Pescara. Il reste, cependant, à faire preuve de réalisme et à ne pas tomber dans l'euphorie. Les Jeux méditerranéens sont une compétition de niveau moyen où de nombreux pays évitent d'envoyer leurs meilleures équipes et athlètes. Il faut prendre les résultats de Mersin comme encourageants sans plus. Celui qui pense que tous les espoirs sont permis pour les Jeux olympiques de Rio en 2016 est un beau rêveur. Ces jeux-là sont d'une dimension autrement supérieure aux joutes méditerranéennes. Mersin aura été un bel essai qu'il conviendra de faire fructifier. Ce ne sera guère aisé connaissant les difficultés dans lesquelles baignent de nombreuses Fédérations sportives. Comme quoi il reste bien du travail à accomplir pour tous nos sportifs.