C'est jeudi dernier qu'a eu lieu, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria de Kouba, la générale de la pièce «El Berzekh». Histoire d'une éternelle confrontation entre le bien et le mal Produite par l'Association culturelle Mohamed El Yazid en collaboration avec l'Onci, cette représentation théâtrale a drainé pas mal de monde. Quelques figures du 4e art et du petit écran notamment à l'image de Sid Ali Kouiret et Djamila Aras. Cette pièce, El Berzekh, s'est ouverte sur un décor austère, à la lueur clair-obscur sur un fond en arrière-plan lumineux. Trois êtres gisent sur le sol, pieds et poings liés. Ils ont été jetés au royaume des ténèbres, de «l'ombre», puis relâchés. Il s'agit de Richa (Plume), Selsela (Chaîne), et Qelb (Coeur). Une envoyée de ce royaume, un être complètement détaché, chante les misères et la détresse de ces trois hommes. C'est la belle Selma Kouiret, ex-chanteuse du groupe Mediterraneo qui a majestueusement incarné ce rôle. La pièce met en scène les tentatives de corruption de ces trois êtres de lumière - vivant dans le royaume du soleil - par le détenteur du pouvoir (Saheb el-qodra) et ce, par le biais de ses complices: Dessas, son conseiller et premier bras droit ayant vent de tous les pièges et autres ruses machiavéliques devant capturer les hommes pour les plonger dans les ténèbres, et Fahih, une superbe créature de l'ombre qui tentera d'envoûter Qelb par sa beauté ensorceleuse et ses comportements démoniaques... C'est Dessas d'abord, qui essayera de corrompre sur la place du souk nos trois jeunes «innocents», en vain. Ces derniers refusent, en effet, d'acheter à un prix faramineux, un morceau de tissu en soie, fusse-t-il de la meilleure qualité. La vanité n'aura donc pas raison de Qelb, Richa et Selsela. Ces derniers ne succomberont donc pas au poids de la tentation. Dessas, un rôle magnifiquement campé par Zayed Sahraoui, échoue dans son opération. Djamel Karmi, dans la peau de «Moul el Qodra», le détenteur du pouvoir, grand maître du royaume des ténèbres, fait appel à Fahih (Amira Sebki). Là où Dessas a failli, elle parviendra à ses fins. Après lui avoir offert ce fameux morceau de tissu, Fahih fera en sorte que Qelb tombe amoureux d'elle. Le coeur « inquiet » et l'âme en peine, Qelb se retrouve fragilisé. Son esprit est tourmenté. Fahih le persuade de l'accompagner dans le royaume de l'ombre. Elle le fourvoie. Ses compagnons s'emploieront à le sauver... Pendant plus d'une heure cette pièce décrit «l'image» de nos vanités et de nos bassesses intérieures. Elle nous mettra en garde contre nous-mêmes non sans quelques pointes de dérision qui feront éclater de rire l'assistance. Ce sont ces trois valeurs: Qelb, Selsela et Richa qui vont éclairer nos consciences en nous guidant sur la bonne voie, celle de la lumière, tout comme cette jeune chanteuse, la «voix» du bien dans cette pièce. Née en 1987, l'association Mohamed El-Yazid qui a produit El Berzakh, en compte plusieurs autres dont: Shouf el Makchouf (1987), Slimane el berah (1990), Mélodie (1993), Amour dans les coulisses (1999)... plus une série de pièces pour enfants, Les aventures de Chater et Kassoul (1996-2001). L'association a eu à participer, en outre, aux journées théâtrales de Sidi Bel Abbes en 1988, à la semaine théâtrale de Bordj Bou-Arréridj, en 1987, au Festival du théâtre européen de Grenoble en 1989 et aux Journées théâtrales de Skikda (1993-1994) et celles d'Oran en 1995 sans oublier le Mois théâtral qui s'est déroulé cette année. Depuis sa création en 1987, l'association a pris part à moult manifestations culturelles affirmant ainsi sa présence dans le paysage du 4e art. Elle a été créée en commémoration d'un amateur du théatre, décédé en 1986, par ses amis de l'association théatrale «Noudjoum El Ghad». Cette troupe de comédiens, qui s'est réellement distinguée ce soir par un vrai jeu de scène, regroupe nombre de jeunes diplomés de l'Institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan. Mise en scène par Linda Salam sur une scénographie de Boukhari Hebal, cette pièce El Berzekh écrite par Imad gagnerait à être présentée à un plus grand public, pour que celui-ci s'imprègne de ses vertus.